Aux amoureux des livres, des belles choses et des précieuses découvertes, l’encyclopédie n’évoque pas un simple site internet – bêtement appelé « collaboratif » – mais de grands et épais volumes qui ouvrent sur un océan de savoir. Confessons-le, les encyclopédies enfantines nous attirent plus que leurs pompeuses déclinaisons du monde adulte. Il y a une prétention presque risible à vouloir rassembler le savoir de toute l’humanité chez Diderot et d’Alembert. Et la pédanterie est rarement sympathique. Au contraire, les encyclopédies pour enfant ne visent, lorsqu’elles sont réussies, qu’à nourrir la curiosité infinie et l’admiration encore intacte des petites mains qui en tournent les pages. On n’y quête pas la science froide et sèche, mais l’émerveillement sans cesse renouvelé. A nous qui confessons sans honte et plus souvent qu’à notre tour que « c’était mieux avant », il appartient de dire que les encyclopédies d’aujourd’hui dépassent en beauté et en qualité celles des décennies précédentes. En témoigne le magnifique volume récemment paru chez Gallimard et intitulé Les Merveilles de la nature. Tout y est. Et d’abord la naïveté des traits et la beauté des couleurs, qui rappellent les albums de l’enfance. Souvenez-vous des vignettes des albums des chocolats Suchard, des Entremets Francorusse ou des Biscottes L’Angevine, patiemment collectionnées et minutieusement collées au retour de l’école ! Nostalgie garantie.
Le retour des leçons de choses
Cet ouvrage, le premier d’une nouvelle collection, s’appuie en outre sur un texte d’une grande qualité. Les petits lecteurs ne sont pas pris pour des idiots, ce qui à l’heure du nivellement par le bas est une heureuse surprise. Gallimard souhaite ainsi mêler « la richesse et la fiabilité d’une encyclopédie de référence avec la séduction d’un beau livre pour toute la famille ». Et le résultat est à la hauteur de cette ambition. La présentation de l’ouvrage évoque immédiatement les grandes planches de la maison Deyrolle, qui étaient accrochées sur les tableaux noirs des écoles de France le temps d’une leçon de choses : les amphibiens, la vie de l’étang, le squelette, les différents œufs, la vie de la ruche… Le dessin est signé par Owen Davey, jeune illustrateur britannique de talent qui excelle dans la représentation du monde animal. Le trait est très épuré, les formes simplifiées, sans que le réalisme des animaux en fasse les frais.
Davey porte un soin méticuleux au choix de ses couleurs et les planches sont d’une rare beauté. Sans que cela ait été probablement envisagé par l’éditeur, cet ouvrage de grand format ne fera pas seulement la joie des parents lors de la lecture du soir mais aussi celle des instituteurs qui souhaitent restaurer les leçons de choses avec les plus petits. Chaque planche thématique peut faire l’objet d’une leçon dissociée, permettant le commentaire et les questions-réponses. Voilà qui devrait susciter des vocations de naturalistes en culottes courtes… en attendant les prochaines vacances.
Les Merveilles de la nature, par Owen Davey, Gallimard Jeunesse.
Pierre Saint-Servant – Présent