Rocard Premier ministre l’avait préparée en 1989, Valls va la faire appliquer à la rentrée 2016, l’ignare apparatchik Najat Vallaud-Belkacem régnant à l’Education nationale, faute de pouvoir – ou de vouloir – imposer des réformes combien plus urgentes et plus nécessaires. En septembre prochain, la « Nouvelle Orthographe » va donc faire passer à la trappe l’accord du participe passé des verbes pronominaux, des dizaines d’« anomalies » (pourquoi bonhomme mais bonhomie avec un seul m, pourquoi imbécile mais imbécillité avec deux l, etc. ?), le trait d’union des mots composés (millepattes, branlebas) et bien sûr l’accent circonflexe, déjà exfiltré des ordinateurs par les dictionnaires orthographiques. Une réforme placée sous le signe du renoncement, donc « accueillie avec joie par les illettrés mais qui, au-delà de la démarche simplificatrice, constitue une attaque de plus contre notre identité », s’indignait à juste titre l’ami Delétraz le 5 février.
Le « flexe », ou la vraie démocratie
Notre identité française mais aussi européenne car l’accent circonflexe, le « flexe » en jargon d’imprimerie, n’est pas une coquetterie de notre langue française, à l’instar de la mouche posée sur la gorge d’une favorite du Bien-Aimé pour souligner la blancheur de sa carnation. C’est la marque de la filiation avec le latin, voire le grec, et de la fraternité avec les langues de nos voisins. Du grec episcopos, il n’y a qu’un pas vers le bishop anglais, le bischof allemand, le biskup serbe mais aussi avec le vescovo italien et notre évêque. Ainsi dépouillé de son chapeau comme de sa mitre.
Mais le flexe est aussi un signe d’apparentement. Qu’on l’arrache à croître, et que devient le lien avec accroissement… ou crescendo ? Qu’on y renonce pour fête, et l’on ne comprendra plus pourquoi festoyer comme l’homo festivus, ce nouveau contemporain capital si bien étrillé par le regretté Philippe Muray – inventeur de la formule géniale « les mutins de Panurge » pour décrire les révolutionnaires en peau d’agnelet. Dans ma jeunesse, fort lointaine il est vrai, où l’on s’acharnait à nous faire rechercher et découvrir tous les mots d’une même famille, parfois très éloignés à première vue, afin de nous doter d’un plus vaste vocabulaire, le flexe était parfois un utile allié. De quel droit en priver les écoliers actuels ?
Avec sagesse, Jacques Bainville notait dans son Journal le 20 juillet 1906, à l’adresse des « novateurs » de l’époque : « L’orthographe actuelle est, à y bien regarder, plus utile que nuisible aux personnes médiocrement instruites : son accord, même quelquefois un peu lâche, avec l’étymologie, ce sont les humanités du pauvre, c’est le latin des études primaires. L’orthographe compliquée est par là plus “démocratique” que l’orthographe simplifiée. »
Il est vrai que Laurent Fabius, héritier d’une dynastie d’opulents antiquaires et cacique de l’Ecole normale supérieure, ne réussit vraiment en politique qu’après avoir, de son propre aveu, « réduit son vocabulaire à trois cents mots »… Et vrai aussi que dans les banlieues où l’enseignement se réduit souvent à de la garderie, l’acquisition de trois cents mots de français, plus ou moins correctement écrits, constitue déjà un exploit. Pour le plus grand malheur des petits Souchiens déshérités des « quartiers populaires », comme on nomme maintenant par antiphrase les zones de non-droit (ou de droit islamique), que fuit notre peuple dès qu’il en a les moyens.
Etapes vers le Grand Remplacement
Car là est bien la racine des innombrables réformes low cost engagées par l’Education nationale depuis les années 70, quand les cocus des indépendances africaines ont commencé à déferler vers notre pays, encouragés par le criminel décret sur le regroupement familial pris en avril 1976 par le tandem Giscard-Chirac. La population changeant à vue d’œil, il fallait modifier non seulement les programmes mais la substance même de l’enseignement. Celui du français, avec une simplification qui n’est rien d’autre qu’un nivellement par le bas, des langues étrangères écrasées par l’hégémonisme d’un anglais-pidjin et bien sûr de l’histoire, avec tous les efforts mis sur l’étude de la Shoah mais aussi de la traite négrière traitées dès le CM1 – au terme, reconnaissait Libération le 8 octobre dernier, d’un « intense lobbying » mené par le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, excité et relayé par Christiane Taubira. En revanche, les élèves ignoreront pratiquement tout des civilisations et des quarante rois qui firent la France alors que, comme l’écrivait Napoléon, « une tête sans mémoire est une place sans garnison ».
Contrairement à la Shoah, l’Histoire de France n’est qu’un détail…
Mais tel est bien l’objectif. Interrogé dans notre dernier hors-série intitulé « Invasion migratoire : l’Europe qui résiste » par Caroline Parmentier sur la « contre-colonisation » que nous subissons, Renaud Camus déclarait : « Les peuples qui connaissent leurs classiques ne se laissent pas mener sans broncher dans les poubelles de l’histoire. La grande déculturation, l’effondrement du système scolaire, l’enseignement de l’oubli [NDLR : sauf des obsessions de notre temps, voir plus haut], l’industrie de l’hébétude, l’imbécilisation de masse, tout cela était indispensable au Grand Remplacement. »
Et voilà pourquoi nul ne sait plus qu’aux Valois succédèrent les Bourbons ni qu’on doit à Louis XIV non seulement Versailles mais aussi le canal du Midi, un réseau routier et postal alors sans égal en Europe, quantité d’hôpitaux et de manufactures ou l’éclairage public à Paris, divisé – déjà ! – en vingt quartiers. Voilà pourquoi le flexe est condamné, tout comme le populacier nite déjà imposé aux States par les African-Americans est en train de l’emporter en Angleterre sur night qui, comme nacht en allemand, ramène trop à la nycta grecque et à la nox latine. Il faut à tout prix sauver le soldat euro et un espace Schengen en perdition mais tous les pesticides sont bons pour éradiquer la plus longue mémoire et l’identité européennes et promouvoir à la place une sous-culture hors-sol.
Camille Galic – Présent