SOS Méditerranée dans les écoles : Blanquer complice du prosélytisme migratoire ?

Nouvelle recrue parmi les « associations éducatives complémentaires de l’enseignement public », SOS Méditerranée vient de recevoir l’agrément du ministère de l’Éducation nationale, par arrêté publié au Journal officiel du 9 janvier 2019. Cette association est donc susceptible d’intervenir dans les établissements scolaires. Le ministre Jean-Michel Blanquer officialise ainsi l’entrée à l’école d’une association qui a suscité, ces derniers mois, la polémique.

Le Figaro Magazine a été l’un des premiers à dénoncer la faveur accordée à cette ONG, qui aura désormais « le droit de faire sa propagande dans les écoles ». Il suffit de se référer aux propos et aux images contenus dans la vidéo d’appel aux dons pour comprendre combien il est facile de jouer sur la sensibilité et la générosité des élèves au détriment de l’objectivité : « C’est l’histoire d’un capitaine, d’un bateau européen et de citoyens engagés. Fidèles au principe de solidarité des gens de mer, ils créent SOS Méditerranée… » Comment ne pas adhérer à cette belle histoire ?

L’instruction du dossier d’agrément, les lenteurs administratives font que cette décision est prise alors que l’association a dû mettre provisoirement un terme aux opérations de sauvetage de l’Aquarius, privé de pavillon. Elle explore activement toutes les options pour obtenir un nouveau navire et une nouvelle immatriculation. Voici donc que le ministère, volontairement ou non, se porte au secours de cette ONG dont le rôle est, pour le moins, controversé.

Il ne s’agit pas, bien sûr, d’interdire d’évoquer à l’école les flux migratoires, mais c’est la fonction des historiens. Sur un tel sujet, l’information doit être complète, n’écarter aucune donnée du problème et s’abstenir de tout militantisme. Le ministère peut-il assurer que ce sera le cas de SOS Méditerranée ? S’il faut aider les élèves à comprendre la complexité du monde et aiguiser leur jugement critique, un tel objectif ne s’accommode guère d’une pensée nécessairement orientée. En ouvrant la porte à des associations militantes, le ministère trahit sa mission de neutralité.

Ce n’est pas la première fois que des « associations partenaires » soulèvent des interrogations sur leur impartialité. À côté d’associations disciplinaires et pédagogiques, on trouve des organisations comme la Ligue des droits de l’homme, la Ligue de l’enseignement, la LICRA, le MRAP, dont les prises de position ne font pas toujours consensus (et qui sont, pour certaines, largement subventionnées). Ou encore des associations comme SOS Homophobie et SOS Racisme, dont le caractère partisan et prosélyte est parfois à juste titre dénoncé.

Le soutien du ministère peut prendre d’autres formes que l’agrément. En janvier 2013, le ministre de l’époque invitait les recteurs « à relayer avec la plus grande énergie […] la campagne de communication relative à la Ligne Azur, pourligne d’écoute les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur identité sexuelles ». Le Conseil d’État, saisi par une confédération familiale, estima que cet encouragement portait atteinte au « principe de la neutralité du service public de l’Éducation nationale et de la liberté de conscience ». Il faut dire que la Ligne Azur tenait des propos plus que discutables sur l’usage de la drogue, la pédophilie ou l’insémination artificielle.

Se pose donc la question de la responsabilité des autorités publiques dans l’intrusion, à l’école, de points de vue discutables, qui s’écartent de la transmission objective des savoirs et tombent dans le prosélytisme. Jean-Michel Blanquer ferait bien d’y réfléchir s’il ne veut pas perdre le capital de sympathie qui lui reste.

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