Monseigneur Michel Aupetit est le nouvel archevêque de Paris, succédant ainsi à André Vingt-Trois, et non point « 23 », tel qu’écrit sur un carton d’invitation par les services de Christiane Taubira, alors qu’elle officiait en tant que garde des Sceaux.
De manière assez prévisible, ce prélat est catholique. Ce qui semble plonger les journalistes du Monde dans des abîmes de perplexité. Il est un fait que son parcours était pourtant des plus prometteurs, puisque venant d’une famille assez peu portée sur la religion ; voire anticléricale, à l’exception d’une mère lui ayant appris quelques rudiments de prières. Mieux : il devient médecin et songe même à fonder une famille. Catastrophe : il préfère entrer au séminaire, à trente-neuf ans, au lieu d’exercer un métier normal ; comme journaliste dans un grand quotidien du soir, par exemple.
Voilà pour les péchés véniels, malgré tout absous par les vicaires du Monde. C’est après que tout se complique. Car, une fois devenu prêtre et continuant de grimper dans la hiérarchie, Michel Aupetit persiste à professer la foi catholique. Étrange, non ?
Si l’erreur est humaine, la persévérance, elle, est d’essence diabolique. Et Monseigneur Aupetit de persister sans éprouver la moindre contrition. On le voit dans les rangs de la Manif pour tous, alors qu’il aurait pu défiler pour les sans-papiers sans-frontières, n’hésitant pas à afficher son opposition au mariage homosexuel, tel qu’en témoigne cet entretien accordé à l’hebdomadaire Paris Notre-Dame, en 2012 : « Il ne convient pas qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, “puisqu’ils s’aiment”, pour reprendre l’argumentation des partisans du mariage homosexuel ? »
Pour les chaisières du Monde, le calice est plein. Bien sûr, comme on est chez des gens bien comme il faut, pas question de renverser la table et de se moucher dans la nappe. Tout au plus évoque-t-on des « positions controversées ». Personne n’ayant à l’évidence le monopole du jésuitisme, on constatera que, pour ce journal, il y aurait donc les « bonnes » opinions, celles qui « dérangent » (plug anal) et les « mauvaises » opinions, celles qui sont « controversées » (doctrine de l’Église).
Jobardise ou rouerie ? Savent-ils seulement que toute opinion digne de ce nom a fatalement vocation à se trouver sujette à la controverse ? C’est vrai depuis le Christ qui la portait au temple, comme ce le fut plus récemment entre les uns qui défendaient les Beatles et les autres les Rolling Stones. Décidément, il y a tout plein de choses qu’on n’apprend pas dans les écoles de journalisme.
Plus incompréhensible, le citoyen Aupetit n’est que modérément emballé par toutes ces histoires de PMA et de GPA : « L’enfant devient un simple produit manufacturé. Sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode. » Là, on doit se signer d’horreur et s’asperger d’eau bénite dans les presbytères de l’ordre moral que sont devenus les locaux du Monde.
Ainsi Monseigneur ne respecte-t-il plus rien. Pas plus le désir de la riche désœuvrée exigeant d’une pauvresse du tiers-monde qu’elle devienne ronde et ponde à sa place, moyennant des queues de cerise. Et encore moins le génie humain ayant accouché de ce téléphone multifonctionnel en 3D et 64G sans lequel nos vies seraient vides de sens. Bref, tout fout le camp et Rome n’est plus dans Rome.
Si l’on résume le scandale, le nouvel archevêque de Paris serait donc catholique et entendrait le demeurer. Et les journalistes du Monde n’en reviendraient pas.
Nous non plus, d’ailleurs. Mais ce pour d’autres raisons.
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire