Serge Moati publie chez Stock “Juifs de France – Pourquoi partir ?” Insécurité, attentat, agression, l’ouvrage raconte pourquoi certains jeunes juifs ont décidé de faire leur “Alya” mais relate aussi comment 30% ont échoué et sont revenus déçus de leur exil.
“Juifs de France – Pourquoi partir ?” est le nouvel essai de Serge Moati qui relate le parcours de certains jeunes juifs qui ont choisi de revenir sur la terre de leurs ancêtres en Israël. Le réalisateur a rencontré à cette occasion ces candidats à “l’alya” pour comprendre les raisons de leur départ et, parfois, de leur retour. Comprendre. Sans juger.
7900 juifs ont quitté la France en 2015
En France, la communauté juive s’élève aujourd’hui à environ 500 000 personnes. Une communauté diversifiée, intégrée depuis des années, qui compte aussi bien des pratiquants que des non croyants, mais qui depuis dix ans subit l’insécurité et la peur.
Ils étaient environ 1600 à quitter la France entre 2000 et 2012. A partir de 2014 les chiffres n’ont cessé d’augmenter pour atteindre 7900 départs en 2015.
Serge Moati analyse plusieurs raisons à cette “Alya”. Le premier gros choc est l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006, suivent en 2012 les meurtres de Mohamed Merah et l’horreur de l’Hyper Cacher en 2015. Dès lors ils sont nombreux à partir vivre en Israël, à quitter une France qu’ils ne reconnaissent plus, une France qui leur fait peur. “Il y a une angoisse générale, un désarroi suite à ces événements. Le seul fait de porter une Kippa fait de vous une cible”, relate le journaliste.
Si l’insécurité est la principale motivation au départ de ces jeunes, il y a également un fort élan religieux. Car “Alya” signifie “ascension” ou “élévation spirituelle”. Pour Serge Moati “cette immigration est guidée par un substrat religieux. L’idée étant de dire ‘c’est mon identité qui va s’exprimer'”.
Un enfant sur trois est pauvre
Et pourtant Israël n’a rien d’un Eldorado. Après le Mexique, le pays enregistre le taux de pauvreté le plus élevé parmi tous les pays de l’OCDE. “Un enfant sur trois est pauvre, et un adulte sur cinq”, rappelle Serge Moati.
Les valeurs humanistes et égalitaires menées par le parti socialiste sont balayées à la fin des années 1970 par les différents gouvernements de droite. La mise en place d’un programme de libéralisation de l’économie, et de privatisation de secteurs importants a fortement dégradé les conditions de travail. “Les gens sont virés aussi vite qu’ils ont été engagés, il n’y pas de protection sociale comme en France. La vie est rude.”, souligne le réalisateur.
D’autre part, il existe des incompatibilités de diplômes entre la France et Israël ce qui explique ensuite le retour de ces “exilés”. “On constate environ 30% de retour pour ces personnes qui n’ont pas trouvé de travail. Ce qui constitue un sentiment d’échec”, conclut-il.