Incivilités au travail, le vécu des Français

Lorsque les médias emploient le terme « incivilités », c’est pour évoquer que des « jeunes gens » (le terme « voyou » étant banni) viennent de cracher sur leur professeur, de mettre à sac une école ou encore que la police vient d’arrêter des « ressortissants des pays de l’Est » qui arrachaient les gaines de cuivre placées sur le domaine public pour les revendre au poids. Cela n’empêche pas l’existence de véritables incivilités définies par le dictionnaire comme « une attitude, des propos qui manquent de courtoisie », ou selon les sociologues comme « un ensemble de nuisances sociales extraordinairement variées qui ne blessent pas physiquement les personnes, mais bousculent les règles élémentaires de la vie sociale qui permettent la confiance ».

Ces incivilités se sont répandues dans la société, y compris entre collègues de travail, à un point tel qu’elles en sont venues à nuire à la bonne marche de l’entreprise. Pour ne pas être spectaculaires, elles constituent néanmoins, par leur répétition, une pression insidieuse pour les salariés, susceptible d’engendrer stress, démotivation et donc dégradation du climat social. Fort de ce constat rarement pris en compte, le cabinet d’audit social Eléas s’est efforcé, dans une étude fouillée, de les cerner. L’on y relève que près d’un salarié sur deux indique subir des incivilités au travail et qu’il s’agit en majorité de femmes. Les exemples le plus souvent cités ? Ne pas respecter l’espace de travail (84 % de l’échantillonnage) ; gêner la concentration de ses collègues (81 %) ; ne pas dire bonjour ou au revoir (77 %) ; couper la parole à ses collègues sans tenir compte de leurs propos (76 %). La conclusion de l’analyse de ce phénomène par le cabinet Eléas ? « Contenir la montée des incivilités suppose donc un sursaut citoyen, dans l’entreprise comme dans la société. »

A la place d’une généralité relevant du lieu commun, il eût été préférable de mentionner au moins le rôle primordial qu’en la matière tiennent la famille et l’école. Mais n’était-ce pas là, déjà, un terrain jugé trop politique ?

Téléchargeable gratuitement sur eleas.fr

Philippe Vilgier – Présent

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