Sapeur-pompier de Paris, Franck (incarné à l’écran par Pierre Niney) se voit confier sa première mission en tant que commandant lorsque, pour sauver son équipe coincée dans un bâtiment, le jeune homme se retrouve lui-même prisonnier des flammes. Grièvement blessé, il se réveille de son coma après plusieurs semaines et découvre son état. C’est alors que démarre pour lui un long processus de reconstruction physique et morale, épaulé par ses médecins et par son épouse Cécile (Anaïs Demoustier) qui essaie tant bien que mal de jouer son rôle et d’adopter l’attitude adéquate.
Avec Sauver ou périr, le réalisateur Frédéric Tellier, qui avait signé le très bon polar sur la traque de Guy Georges, L’Affaire SK1, nous propose aujourd’hui un film-hommage au dévouement des sapeurs-pompiers, à leur sens du sacrifice et à leur courage.
Le personnage de Franck, sauveteur devenu à son tour accidenté, et réduit malgré lui à l’état de passivité, cumule les souffrances. D’abord les douleurs physiques, bien sûr – en cela, les séquences à l’hôpital sont particulièrement éloquentes –, mais surtout la perte définitive de son visage et l’impossibilité de pouvoir un jour à nouveau exercer ce métier qu’il vivait comme une véritable vocation. Lui qui se pensait comme un surhomme, dira-t-il au cours du récit, comme un combattant au service d’autrui, éprouve le sentiment cruel d’être devenu un assisté, non seulement aux yeux de la société mais aussi pour ses proches, dont il s’interroge dorénavant sur l’évolution future de l’amour qu’ils lui portent – son épouse ressentira-t-elle encore pour lui de l’admiration et du désir, se demande-t-il, et ses filles en bas âge parviendront-elles à le voir autrement que comme un « monstre » ?
Autant de questions qui le travaillent et l’empêchent d’envisager l’avenir sereinement. Son couple paiera lourdement les conséquences de ses idées noires. Ce n’est qu’après avoir touché le fond, seul et ayant fait le deuil de ce qu’il était, que l’éclaircie viendra.
Ce second film de Frédéric Tellier, tout à fait honorable dans ses intentions, bénéficie d’un sujet fort et de personnages plus grands que la vie. Malheureusement, ses dialogues un peu trop explicites et son propos convenu nous privent du moindre effet de surprise, tout semble écrit d’avance dans cette progression narrative. Il résulte de tout cela une sensation polie de déjà-vu.
Pierre Marcellesi – Boulevard Voltaire