Les urgentistes de la mémoire

En voyant la facture faramineuse de la canopée des Halles, il y a de quoi se révolter. Eh oui, sachez que le toit de ce magnifique édifice va être repris car… il fuit. Cela fait désordre. Sachez aussi que le contribuable parisien a déjà déboursé la bagatelle de 240 millions d’euros pour ce toit (soit l’équivalent de 115 crèches ou onze collèges), qui ne devrait pas durer plus de 50 ans. Et pendant ce temps-là, on néglige le patrimoine historique français.

Heureusement, certaines initiatives donnent du baume au cœur dans ce monde qui marche sur la tête. Aujourd’hui, découvrons l’action d’Urgences Patrimoine. A l’origine, c’est un projet local, créé pour sensibiliser le public à la protection du patrimoine de la région d’Auxerre. La mayonnaise a pris et l’association voit son action s’amplifier. L’idée est venue d’une poignée de passionnés de vieilles pierres qui, sans être issus du « sérail », ont réussi, par une communication efficace, à parler du patrimoine en péril. Preuve en est la grande popularité de la page Facebook de l’association qui regroupe déjà 11 000 abonnés dans toute la France. Rien que cela mérite d’être salué.

Plus récemment, l’association a décidé d’ajouter un étage à sa fusée. Non seulement elle médiatise les projets qui méritent une intervention urgente, mais désormais elle organise elle-même des opérations de financement qui viennent directement et très concrètement participer au sauvetage de tel ou tel monument. Par des moyens simples et efficaces, faisant appel au mécénat populaire. Pas besoin d’être millionnaire pour y participer : vous pouvez ainsi contribuer à l’achat d’une pierre (symbolique) pour la modique somme de 20 euros. L’association accompagne également les initiatives locales en proposant des outils permettant des levées de fonds grand public, via des tickets-patrimoine (5 euros – moins qu’un paquet de cigarettes) ou l’organisation d’événements.

Et les résultats ne se font pas attendre. Un château de l’Ain a besoin urgemment de bâches pour couvrir la toiture défaillante, sinon il ne tiendra pas l’hiver ? L’association a pu faire intervenir des charpentiers à temps, avant une reprise de la toiture l’an prochain. Des fresques vont disparaître, le bâtiment allant être détruit ? L’association a pu faire intervenir des artisans d’art pour leur dépose et leur conservation. Leur valorisation suivra en fonction des finances. Et tant pis si l’intégralité de la somme n’est pas encore réunie. On agit. Sinon, c’est trop tard. Il y a urgence.

urgencespatrimoine.fr

François Bregaint – pPrésent

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