Les Peruzzi sont nombreux : dix-sept enfants dirigés d’une poigne de fer par une mère autoritaire. Elle est d’autant plus dure que le mari est doux et débonnaire. Cette famille paysanne de Vénétie est parfaitement unie. Elle est pauvre, comme tous les métayers, et socialiste sous la conduite de Rossoni, le chef local qui ira loin.
Justement, il devient l’ami de Mussolini, socialiste lui aussi à l’époque. La première guerre mondiale arrive, puis le fascisme. Les Perruzzi suivent le mouvement et troquent la chemise rouge pour la chemise noire. L’Italie se divise et les bagarres, parfois sanglantes, se multiplient : « Nous étions en Italie, où tous les habitants sont les fils de Rome, de Romulus et de Remus. Et si eux, des frères jumeaux, se sont disputés, imaginez un peu ceux qui n’étaient même pas cousins. »
Mais, chassés de leurs terres, ils doivent partir. Une occasion unique se présente : le Duce a lancé un immense chantier, l’assèchement des Marais Pontins entre Rome et Naples. Les Perruzzi sont volontaires et participeront à cette aventure titanesque, qui les entraînera jusqu’à la seconde guerre mondiale, sans oublier l’aventure éthiopienne, car on ne peut se contenter d’être paysans, il faut aussi servir le Duce. Le burlesque côtoie la tragédie, de façon très italienne.
Le roman d’Antonio Pennacchi eut un grand retentissement en Italie. On loua ses qualités littéraires mais il provoqua aussi d’âpres débats, les habituels professeurs de morale estimant que l’auteur avait un peu trop de tendresse pour cette période.
Pennacchi raconte ainsi l’histoire de sa propre famille. Il le fait dans un style aux accents céliniens, en langage parlé, truculent, mais avec une très grande maîtrise littéraire. Le style est cru et, soyons francs, dérape parfois. Mais le récit se lit avec bonheur, souvent avec passion.
Une aventure qui vaut le détour et que l’on n’oubliera pas.
Disponible en livre de poche
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