Ne soyons pas bégueule, il y a quelque chose qui fonctionne dans la France hollandaise. C’est cette justice indépendante… mais pas pour tout le monde ! Jugeons sur pièce. Nicolas Bedos, icone bobo à paillettes, fils de l’inénarrable Guy du même nom, symbole de la gauche caviardée depuis 30 ans, a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris. Que reprochait-on à notre idole du « prêt à penser » ? Une tribune iconoclaste, parue en décembre 2012 dans l’hebdomadaire Marianne, où notre justiciable évoquait ses vacances en Guadeloupe et son pénible retour en métropole. L’auteur y évoquait, non sans ironie, des « autochtones oisifs » en parlant de nos compatriotes ultramarins, qualifiait son chauffeur de taxi local de « merveilleux produit de l’indolence insulaire » et concluait son billet d’humeur tout en finesse avec la singulière expression « enculé de nègre » (sic).
Vous avouerez qu’il y avait dans cette tribune propos qui « rappellent les heures les plus sombres de notre histoire », justifiant par là même un passage en règle sous les fourches caudines du tribunal médiatico politico artistique après enduction préalable de goudron et de plumes par les associations dites antiracistes. Où sont passées nos bonnes consciences, Noah, Arditi ou Bedos père, ces torquemada du camp du bien, mines contrites aux poncifs inspirés par le néant, toujours prêts à dégainer contre les écrits « nauséabonds » ? Mystère, mystère… Mais notre zélé magistrat ne s’y est pas trompé en soulignant le ton « absurde et décalé » où l’expression « indolence insulaire » est loin d’être un terme de mépris selon ses attendus. Enfin, la violence de l’expression « enculé de nègre » ne peut être prise au premier degré. Ouf, on respire, Nicolas Bedos n’a pas stigmatisé autrui, il est toujours fréquentable, l’honneur de la gauche est sauf.
Dans notre beau pays à l’esprit du 11 janvier, si vous êtes de gauche, vos propos sont, au pire, qualifiés d’irrévérencieux. Si vous êtes de droite, vous flirtez dangereusement avec « l’axe du Mal ». Si vous êtes non fréquentable selon les canons du camp du Bien, vous risquez 10.000 € d’amende pour des propos que vous n’avez pas tenus, à l’image d’Éric Zemmour dans le Corriere della Serra. Tout le monde n’a pas la chance d’être le fils de Fabius ou de Bedos.