Le laboureur m’a dit en songe : « Fais ton pain !
Je ne te nourris plus. Gratte la terre et sème. »
Le tisserand m’a dit : « Fais tes habits toi-même. »
Et le maçon m’a dit : « Prends la truelle en main. »
Comment ne pas évoquer, devant l’exposition du Faouët, le premier quatrain du sonnet fameux où Sully-Prudhomme nous montre désemparés, en l’absence des artisans de toute espèce ?
Le Musée de la petite ville bretonne nous présente une centaine de toiles pittoresques et, qui plus est, « émouvantes », dit la Conservatrice, Anne Le Roux-Le Pimpec : « Elles nous ouvrent une part du quotidien, des scènes parfois dures. Nous ne sommes pas dans l’image d’une Bretagne idéale. » 80 peintres des XIXe et XXe siècles sont représentés, inspirés par paysans ou marins, hommes et femmes, qu’ils travaillent le fer ou le bois, le lin, le chanvre ou la pierre.
L’exposition révèle des trésors comme ce Tisserand breton, de Paul Sérusier, un intérieur d’atelier en clair-obscur dans les tons jaunes et bruns, l’année même (1888) où l’artiste rencontre Gauguin et peint son Talisman (« l’Aven au Bois d’Amour »), passant à une peinture moins réaliste. D’autres peintres de « l’Ecole de Pont-Aven » ou des « Seiz Breur » figurent dans l’exposition, complétée par dessins et photographies.
On profitera du voyage (Le Faouët est à 25 km au nord de la gare de Quimperlé ; accessible aussi par car depuis celle de Lorient) pour contempler une partie des collections permanentes du Musée, mais, surtout, au moins une des trois chapelles célèbres de la commune : Saint-Sébastien, Saint-Fiacre et, joyau de la Renaissance, Sainte-Barbe (que des films de quelques minutes évoquent sur la Toile en ce moment). Ce sera encore un peu tôt pour ramasser les châtaignes, mais déjà les couleurs de l’automne feront flamboyer les grands arbres.
François Lecomte – Présent
- Jusqu’au 8 octobre. Plein tarif : 4,50 euros. Fermé le dimanche matin et le lundi. Plus d’infos sur museedufaouet ou 02 97 23 15 27.