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Le Refuge, association de lutte contre l’homophobie, vient d’obtenir un agrément national, ce qui facilitera ses interventions en milieu scolaire. Son directeur Frédéric Gal détaille les objectifs de l’association.
Les membres du Refuge peuvent se réjouir. Après deux ans de procédures, le ministre de l’Education Benoît Hamon leur a finalement octroyé ce mardi l’agrément national des associations éducatives complémentaires de l’enseignement public. L’association de lutte contre l’homophobie pourra désormais étendre ses actions de sensibilisation en milieu scolaire, ce qu’elle faisait déjà depuis 2010, mais sans reconnaissance du ministère. En 2013, elle est intervenue dans 1 500 établissements, soit 400 de plus que l’année précédente. Son directeur, Frédéric Gal, revient sur ces deux années de procédures et précise ses objectifs, les principaux étant de «démystifier l’homosexualité» et de mieux préparer les enseignants et travailleurs sociaux sur les questions relatives à l’homosexualité.
Ça fait deux ans que vous tentez d’obtenir cet agrément. Pourquoi a-t-il mis tant de temps à vous être octroyé ?
Le ministre de l’Education de l’époque (Vincent Peillon) ne voulait pas qu’on ait cet agrément national. Il nous l’a refusé en novembre 2012, alors que nous avons fait cette demande au moment où le plan Belkacem, qui prônait ce type d’interventions contre l’homophobie, était en discussion. Nous n’avons pas compris pourquoi il ne voulait pas nous l’accorder. Les raisons ne sont pas claires. D’ailleurs, suite à notre appel, le tribunal administratif a rendu un avis favorable et a validé l’agrément. Même le Conseil national des associations éducatives complémentaires (CNAECEP) nous avait donné un avis positif à l’unanimité. Habituellement, quand ce conseil donne son accord, le ministère suit. Mais là, il ne l’a pas fait et est allé jusqu’à faire appel de la décision du tribunal. C’est Benoît Hamon qui a accepté de l’annuler en mai.
Vous pouviez déjà intervenir dans les établissements. Qu’est-ce que cet agrément vous apporte de plus ?
Pour ces interventions en milieu scolaire, nous avions en effet un agrément local. Depuis 2010, nous nous rendons dans les lycées du Languedoc-Roussillon, mais aussi en région parisienne, à Lille, et depuis peu à Marseille. Ce n’est pas obligatoire d’avoir cet agrément pour exercer. Nos interventions se font sur la volonté des chefs d’établissement. Ce sont eux qui nous appellent. Le but, c’est de pouvoir montrer aux collèges et lycées une garantie octroyée par le ministère. C’est surtout une reconnaissance de nos actions.
Comment se déroulent vos interventions dans les lycées ?
En général, elles durent deux heures. On amène les jeunes à réfléchir sur leur comportement par rapport à l’homosexualité. On leur demande par exemple «Qu’est-ce que c’est qu’être homophobe ?» ou «Est-ce que l’homosexualité et le Sida sont liés ?» et grâce à leurs réponses, on ouvre une discussion qui permet de démanteler les stéréotypes et les caricatures, tout en leur faisant comprendre qu’on ne demande pas à un nouvel ami «Avec qui tu couches ?», mais plutôt «Est-ce que t’aimes bien les jeux vidéo ?». On essaye de leur inculquer le respect et de leur faire comprendre que la sexualité, ce n’est pas ce qui définit une personne.
Les professeurs sont-ils présents ?
Tout se passe en présence d’un professeur, qui pourra, une fois la session terminée, servir de relais aux jeunes qui se poseraient des questions sur ce sujet. Nous associons toujours les membres de l’équipe éducative à nos interventions. C’est très important. Il faut que les jeunes sachent qu’il y aura toujours quelqu’un pour leur apporter une réponse une fois que nous aurons quitté l’établissement.
Qu’espérez-vous de cet agrément national ?
Augmenter le nombre d’interventions en milieu scolaire, bien évidemment, mais aussi développer d’autres activités. Nous aimerions par exemple lancer un projet avec le ministère dans les quartiers en difficulté, où la question de la sexualité – même pas celle de l’homosexualité – est encore un tabou. Le deuxième objectif que nous nous fixons, c’est la formation des enseignants et des travailleurs sociaux. Quand des jeunes vont mal, c’est vers eux qu’ils se tournent. Il faut donc les rendre à l’aise sur ce sujet et leur donner des clés pour qu’ils puissent répondre à leurs interrogations. Et surtout, démystifier et banaliser l’homosexualité.