Les macronistes n’ont pas toujours un langage châtié, quand ils prétendent faire de l’humour. Vous avez peut-être lu, avant qu’il ne soit supprimé, le message publié sur Facebook par Béatrice Frecenon, directrice de cabinet adjointe du ministre de l’Agriculture, juste avant de prendre l’avion pour partir en vacances. Parodiant une couverture de la série des albums pour enfants, elle a écrit : « Martine s’en branle de Greta Thunberg. » Elle signifiait ainsi qu’elle se fichait éperdument de déplaire à la jeune militante suédoise qui juge l’avion trop polluant.
Chacun mesurera si cette écolière, qui se prend pour la Jeanne d’Arc du climat, est motivée par un enthousiasme sincère ou manipulée par les lobbies du réchauffement climatique. Force est de constater que le post de la collaboratrice de Didier Guillaume a suscité des réactions outragées. Notamment de Gabrielle Siry, porte-parole du PS, trop contente de pouvoir épingler l’effrontée : « Voici le dernier post (public) de la directrice de cabinet adjointe du Ministre de l’agriculture. On ne doit pas avoir le même sens de l’humour », a-t-elle commenté.
Pour se défendre, l’intéressée a répondu à un internaute :« Le sort de la planète ne dépend pas de moi et d’un trait d’humour qui n’a pas l’heur de vous plaire… sans compter que je sache, Greta Thunberg n’est qu’une gamine médiatisée, hein, dont on a encore le droit de plaisanter, elle n’est pas le changement climatique. » Ce en quoi elle n’a pas tort mais, quand on collabore au gouvernement, on se doit de prendre certaines précautions. On ne sait pas si elle a subi des pressions, mais elle a jugé préférable de supprimer ce message inopportun.
Cette anecdote est révélatrice de ce que représente vraiment pour la majorité la lutte contre le réchauffement climatique : non pas une conviction profonde, mais un moyen de se concilier l’électorat écologiste. Il est probable que la directrice adjointe de cabinet, pour sauvegarder les apparences, va se faire sévèrement recadrer. Peut-être voulait-elle seulement adresser un signe de connivence aux agriculteurs, une fois de plus pointés du doigt par le dernier rapport du GIEC, qui souligne leur responsabilité dans la hausse des émissions de gaz à effet de serre, la perte d’écosystèmes naturels et le déclin de la biodiversité ?
Macron est une sorte de Don Juan politique. Il veut séduire les électeurs à gauche, au centre, à droite et ailleurs, quitte à les abandonner quand il en a profité. L’important est de faire passer les réformes économiques, sociales et sociétales auxquelles il tient ou que lui imposent les directives européennes et le programme concocté par les magnats de la finance. Pour y parvenir, il soutient tantôt l’écologie, tantôt la PMA pour toutes, tantôt la fermeté en matière d’immigration, tantôt le laxisme, disposant partout des leurres pour attraper les chalands.
Finalement, Béatrice Frecenon n’a fait que l’imiter. Les Français ne doivent pas se laisser attirer par les appâts qu’on leur tend mais, plutôt, démasquer les charlatans de la politique ou du climat.
Philippe Kerlouan – Boulevard Voltaire