Face au centre Pompidou, le centre Wallonie-Bruxelles donne régulièrement d’intéressantes expositions : « L’âge d’or de la BD belge » (2015), « M’enfin ?! Franquin » (2012). Intéressantes car elles font la part belle aux planches originales. L’expo Peyo ne fait pas exception, bien fournie en planches de la série Johan et Pirlouit, en dessins de couverture. Quel est l’intérêt de se déplacer pour voir des planches en noir et blanc alors qu’on peut lire, chez soi, des albums couleur ? Regarder une planche originale c’est pouvoir apprécier, en grand, une qualité de dessin que n’offrent pas les albums, alors que le cliché par lequel la planche originale est réduite au format de parution écrase, uniformise le trait.
Cela se vérifie particulièrement pour Johan et Pirlouit, série riche en cavalcades, en rixes, en chutes, pour laquelle Peyo affirme son goût d’un graphisme à la fois dynamique et lisible, au service d’une narration de plus en plus efficace. De toutes les créations de Peyo, ces aventures médiévales et comiques sont les plus attachantes. Les héros comme les personnages secondaires y sont sympathiques. Les gentils savent se défendre et les méchants, à force de méchanceté, sont bêtes. Le merveilleux est présent. Le châtiment de Basenhau, Le maître de Roucybeuf, La pierre de lune, La guerre des sept fontaines… Les titres sont à eux seuls une invitation.
Puis naquirent les Schtroumpfs, dans un album de Johan et Pirlouit. Ces minuscules créatures bleues devinrent un monde autonome. Elles envahirent la vie de Peyo puis le globe. Les Schtroumpfs, on les a tellement vus, en dessins animés, peluches, figurines en plastique, autocollants, jeux, sans oublier dans la publicité (savon, cacao, bonbons, etc.) ! La série souffre surtout d’un défaut majeur : elle constitue une lecture enfantine, quand toute la bonne BD belge qu’on aime continue d’être, étonnante alchimie, une lecture d’enfant et d’adulte.
Je ne reviens pas sur le parcours de Peyo, qui commença très jeune comme gouacheur-coloriste dans un studio d’animation (la CBA), fut dessinateur de lettres, de travaux publicitaires, avant de se lancer dans l’aventure de la BD. Ce parcours est raconté par Alain Sanders dans notre hors-série « Les bonnes BD à lire cet été », toujours disponible en kiosque.
Outre Johan, Pirlouit et les Schtroumpfs, sont aussi présentées au Centre Wallonie-Bruxelles quelques planches de Benoît Brisefer, garçonnet à la force hors du commun tant qu’il ne s’enrhume pas, et d’autres du chat Poussy (gags en une demi-planche qui ne sont pas très connus en France).
Expo Peyo. Jusqu’au 28 octobre 2018, Centre Wallonie-Bruxelles (127-129 rue Saint-Martin, Paris (IVe).
Samuel Martin – Présent