Par Alain Sanders
Son nom ? Hugo Villerez, 34 ans. A Bordenoud, un quartier voisin de Dolomieu où il habitait, son père témoigne :
— C’était dans son caractère de vouloir faire du bien, de s’opposer à l’injustice… Il était un peu idéaliste, à vouloir comme beaucoup un monde meilleur. Il y avait une gamine de huit ans devant le bureau de tabac, peut-être s’est-il dit qu’elle était en danger…
Le 29 juillet dernier, deux racailles encagoulées pénètrent dans le petit bureau de tabac de Dolomieu, gros bourg situé à une soixantaine de kilomètres de Lyon. Deux voyous, armés d’un fusil, qui braquent la buraliste, Dominique, la brutalisent, et lui dérobent… 200 euros et six cartouches de cigarettes. Hugo est témoin de la scène. D’autres, surtout de nos jours, se seraient faits tout petits, se seraient planqués, auraient changé de trottoir. Pas lui. Sans hésiter, il s’oppose aux racailles. Et sans hésiter non plus, l’un des deux lâches tire sur lui. A bout portant. Hugo est tué. Sans se retourner, les assassins prennent la fuite à bord d’une Peugeot 206 spéciale xbox noire qu’ils ont volée – à main armée – une heure plus tôt à Morestel (à une dizaine de kilomètres de Dolomieu).
Dominique, la buraliste, a déjà été attaquée par deux « jeunes » il y a six mois. Elle est sous le choc. Un de ses amis, Alain, lui aussi commerçant, explique :
— Après ce premier braquage, elle m’a souvent dit qu’elle ne se sentait plus en sécurité à certaines heures de la journée, à l’ouverture, à la fermeture. Elle avait une boule au ventre.
Il y a tant d’exemples de gens qui sachant ce qu’ils risquent – la preuve – préfèrent s’écraser quand ils sont témoins d’agressions dans le métro, dans les rues, dans les zones de non-droit (qui s’étendent chaque jour davantage), qu’il faut se souvenir de Hugo. Et honorer sa mémoire. Il était de la race de ceux qui ne se couchent pas. Quels que soient les risques.
Un garçon gentil, un petit Français qui travaillait le marbre et le granit et avait plein de projets d’avenir, disent ses amis et ses proches. Un type bien. Dont la vie s’est arrêtée parce que son chemin a croisé celui de crevures animées, du fait même d’une justice laxiste à l’égard des crevures, par un sentiment de totale impunité. Quand un policier éradique un de ces voyous (on l’a encore vu récemment), c’est lui qui est placé en garde-à-vue. Sans parler des multirécidivistes remis dans la nature et repassant à l’action à peine franchi le seuil de la prison. Le cas, récent là encore, de « l’étrangleur de Belleville » relâché par un juge d’instruction irresponsable et désormais accusé de viol, vient nous le rappeler tragiquement une fois de plus.
Pour six cartouches de cigarettes
Hugo Villerez, de Dolomieu, Isère, est un héros. Qui a donné sa vie pour ne pas laisser deux salopards, prêts à tuer pour 200 euros et six cartouches de cigarettes, faire leur loi.
Son assassin « présumé » (paraît qu’il faut dire comme ça) a été arrêté par les gendarmes. Il a avoué et balancé deux complices. Le tueur (qui a « paniqué » nous dit sans rire le procureur de Grenoble…) est un « jeune » âgé de 19 ans. Déjà connu, faut-il le préciser, des services de police (comme son complice, âgé de 22 ans et déjà condamné douze fois…). Bravo les gendarmes ! Mais que risquent ces crevures récidivistes dans un pays où la « justice » condamne à neuf mois de prison ferme une mère de famille pour une méchante caricature* et se montre si coupablement complaisante à l’égard des racailles…