Challenges a découvert au dernier moment que L’Express allait sortir son propre classement des riches. Si l’hebdomadaire de SFR Media a dû faire machine arrière, le combat juridique pourrait continuer sur le fond.
Editeur depuis 2002 d’un numéro spécial consacré aux 500 premières fortunes françaises, l’hebdomadaire économique Challenges a eu la désagréable surprise d’apprendre au printemps que L’Express (SFR Media) préparait lui aussi un gros numéro sur le sujet. Via son avocat, le groupe de Claude Perdriel a obtenu mi-juin du tribunal de grande instance de Paris la saisie pour contrefaçon de la base de données que continuait d’utiliser la société prestataire Issue de secours, bien qu’ayant cessé sa collaboration avec Challenges en décembre 2016.
Si la concurrence est libre, y compris sur les thèmes traités comme en attestent les fréquentes couvertures redondantes des newsmagazines, les méthodes employées ne le sont pas. Après avoir dénoncé fin décembre 2016 son contrat avec le journal économique, l’agence Issue de secours, qui réalisait le fameux classement, aurait utilisé la base de données de Challenges au profit de L’Express. Le gérant d’Issue de secours, Stéphane Demazure, injoignable, était parallèlement éditeur de Newsco Group. Or, cet ensemble de presse professionnelle (Stratégies, etc.) faisait partie il y a encore quelques mois, comme L’Express, de SFR Media qui l’a revendu depuis à son fondateur et dirigeant, Marc Laufer. Une proximité qui interroge, surtout lorsque Guillaume Dubois, le directeur général de L’Express, affirme n’être au courant de rien et se pose, comme Challenges, en victime d’un fournisseur indélicat. Pour calmer le jeu, l’hebdomadaire a finalement renoncé à son palmarès et s’est contenté d’un numéro « Spécial riches » bien moins étayé que celui de Challenges.
Si la connivence entre L’Express et Issue de secours reste à établir, la société devrait bel et bien être poursuivie par Challenges. Après avoir fait stopper en urgence le processus de réalisation du palmarès, l’hebdomadaire pourrait engager une plainte sur le fond à l’encontre de son ancien prestataire. Ce dernier, pour des raisons personnelles, aurait l’intention de déménager en région Provence Alpes Côte d’Azur. Il risque 300 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement si la contrefaçon est avérée. D’après les premiers résultats de l’enquête, qui s’intéresse aux disques d’Issue de secours, il y aurait de fortes présomptions en ce sens.