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Pas si facile de construire un parti différent. Ce samedi 8 juillet au Paris Event Center (XIXème arrondissement), la question de la structuration du mouvement fondé par Emmanuel Macron aura occupé la majeure partie des interventions, lors de la première convention de La République en marche (LREM). “Modernité”, “ouverture” et “renouvellement”, ont répété la plupart des orateurs. A la lecture des grandes lignes des futurs statuts du parti, présentés en marge de la convention, il semble indéniable que le parti macroniste s’oriente vers un modèle inédit. Modèle qui ne brillera pas par ses dispositifs de votation interne. A force de vouloir se démarquer des autres formations politiques, LREM est au contraire en passe de devenir le parti… le moins démocratique de l’Hexagone.
Si les adhérents vont voter pour avaliser ces statuts d’ici au 30 juillet, ils n’auront ensuite plus aucune prise sur les décisions au sein du mouvement. Bien sûr, ces 373.000 militants auront un rôle, mais il sera tout sauf central. Ils pourront par exemple saisir le bureau exécutif de “toute information utile à l’organisation et à la vie du mouvement“, mais pas imposer une position. Un certain nombre d’adhérents intègreront quant à eux le Conseil, présenté dans les statuts comme le “Parlement de la République en Marche“, après avoir été tirés au sort, mais ces militants ne constitueront que 20% des membres de l’organe. Pour le reste, si les statuts précisent que “La République en marche appartient à ses adhérents“, les procédures internes ne leur donneront pas souvent l’occasion de s’exprimer.
Pour le reste, les parlementaires auront la main. Avec les élus locaux du parti et les référents territoriaux, au nombre de 110, ils formeront 80% du Conseil. Autant dire que les 308 députés et 25 sénateurs macronistes disposeront probablement de la majorité absolue au sein de l’instance et pourront ainsi imposer, s’ils le souhaitent, leur point de vue. Cela tombe bien puisque le Conseil contrôlera l’ensemble des instances importantes du parti, dans une organisation en forme de poupées russes, où chaque collège s’emboîte dans un autre. Le ou les dirigeants ? Nommés par le Conseil. La commission d’investiture, chargée de sélectionner les candidats aux élections ? Désignée par le Bureau exécutif, lui-même… nommé par le Conseil.
Quant aux référents territoriaux du mouvement d’Emmanuel Macron, ils ne seront pas non plus élus mais nommés par la direction de LREM. Contacté, l’entourage de Catherine Barbaroux, la présidente par intérim d’En Marche, assume une volonté de privilégier l’efficacité du mouvement sur des élections internes qui pourraient susciter des ambitions mal placées : “En observant le fonctionnement des autres partis, nous nous sommes aperçus que plus vous créez des postes, plus vous risquez de créer des ambitions pas forcément tournées vers l’intérêt du mouvement.Nous voulons éviter ça“. Arnaud Leroy, ex-député pressenti pour intégrer la direction collégiale, se veut plus direct : “On ne veut pas de baronnies locales et de rivalités où le succès de l’un dépend de l’échec de l’autre, comme ça a pu être le cas au PS“.