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Le professeur Joyeux, connu pour ses prises de position anticonformistes, et surtout pour celles concernant les vaccinations, a été condamné en première instance, le 8 juillet 2016, à être radié de l’Ordre des médecins par une décision de la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon à la suite d’une plainte déposée par l’Ordre national, considérant que « le praticien avait tenu des propos non appuyés par des bases scientifiques […] portant atteinte à la profession » et que « son discours pouvait être dangereux pour la population car il discréditait la vaccination préventive ».
Concrètement, une radiation signifie l’interdiction formelle d’exercer la médecine, ce qui dans le cas du professeur Joyeux ne devrait pas avoir de graves conséquences, puisqu’il est à la retraite.
On peut comprendre l’attitude de l’Ordre qui, par cette prise de position, tient à rappeler l’utilité de la vaccination en matière de santé publique. On peut cependant s’interroger sur le bien-fondé d’une radiation qui n’apporte aucune réponse aux questions soulevées par le professeur Joyeux (les adjuvants vaccinaux) et qui s’apparente davantage à une prise de position dogmatique.
Une telle condamnation risque, au contraire, d’aller à l’encontre du but recherché, fait passer le Pr Joyeux pour une victime, l’Ordre pour le bras armé de l’industrie pharmaceutique chargé de faire régner la bien-pensance dans les rangs des médecins, ainsi que pour le complice du pouvoir, qui estime que le médecin doit « rassurer et non pas inquiéter ou faire peur » (Marisol Touraine, Le Quotidien du Médecin, 1/6/2015).
Pour tout médecin, avertir des risques (sans nier le bénéfice qui, dans la grande majorité des cas, est favorable aux vaccins), c’est assurer les obligations de sa fonction. Mais le Pr Joyeux, en dénonçant les possibles dangers de certains adjuvants présents dans les vaccins, a aggravé le sentiment de méfiance vis-à-vis de ceux-ci. Méfiance que la population a manifestée après la gestion catastrophique de l’épidémie de grippe de 2009/2010 lors de laquelle les autorités ont manifestement surévalué le risque, et où les mesures prises par le ministère pour enrayer l’épidémie ont tourné à la pantalonnade.
Un tel fiasco en matière de santé publique était-il une raison suffisante pour rejeter toute vaccination (seules celles contre la diphtérie, le tétanos et la polio sont obligatoires) ? Sûrement pas. Pour autant, faut-il accepter, sans discussion, tous les produits que nous propose (impose ?) le marché ? Sûrement pas non plus.
Les vaccinations, en dehors de celles qui sont obligatoires, doivent relever du libre choix du patient, aidé en cela par les conseils éclairés et objectifs du médecin qui doit, non pas uniquement rassurer, mais persuader du bien-fondé de la vaccination et des risques encourus si nécessaire.
On peut reprocher au Pr Joyeux d’avoir fourni des arguments aux irréductibles « anti-vaccination », mais la sanction qui lui est appliquée semble dogmatique et disproportionnée par rapport aux accusations portées contre lui et, en tous cas, totalement inadaptée au nécessaire rétablissement de la confiance dans une pratique thérapeutique qui, même si elle présente parfois des risques, est une avancée incontestable en matière de santé publique.
Docteur Jacques Michel Lacroix – Boulevard Voltaire