Des centaines de morts à cause de faux détecteurs d’explosifs!

Les détecteurs d’explosifs utilisés par les forces de sécurité irakiennes aux points de contrôle pour prévenir les attentats-suicides sont factices. L’A.D.E. 651 devait être un détecteur de bombes ultrasophistiqué. Ce n’était  un « Gopher » : un jouet vendu 25 $ aux États-Unis et destiné à retrouver… des balles de golf. La gigantesque fraude a coûté 50 millions de dollars au gouvernement irakien. Et tellement de vies humaines.
Une camionnette bourrée d’explosifs pénètre sans être détectée dans l’un des quartiers les plus fréquentés de Bagdad. La nuit est tombée, les familles sont réunies pour rompre le jeûne du ramadan. Et c’est le carnage : plus de 200 morts, selon un bilan transmis hier. Cet attentat-suicide, particulièrement sanglant, est le dernier d’une longue série… qui aurait peut-être pu être évitée. Cela paraît incroyable, mais les détecteurs d’explosifs utilisés par les soldats irakiens aux points de contrôle de la capitale ne sont en effet que des coquilles vides sans la moindre efficacité.  Le Gopher, légèrement transformé pour faire illusion, est constitué d’une poignée de plastique bon marché et d’une antenne qui oscille, le tout vendu pour des milliers de dollars dans une mallette qui vaut vingt fois plus cher que l’appareil lui-même. Il ne contient aucun composant électronique. Les câbles dont il est muni ne sont reliés à rien.

Pourtant, le 2 mai 2013, un tribunal londonien avait condamné “l’inventeur” Jim McCormick à 10 ans de prison. « Votre conduite frauduleuse basée sur la vente de nombreuses machines inutiles afin de réaliser d’énormes profits a donné une perception de sécurité erronée et a probablement contribué matériellement à causer des torts et la mort d’innocents », a tranché le juge Richard Hone. Depuis, les quatre acolytes de Jim McCormick ont été condamnés. Bien qu’ils soient tous derrière les barreaux, des milliers d’appareils sont encore utilisés, puisqu’il n’existe pas de mécanisme international de rappel de leur « produit ».

Le 15 juin dernier, le juge Richard Hone a ordonné la saisie des avoirs de Jim McCormick, évalués à 14 millions de dollars. Le détenu de 60 ans devra vendre de son manoir, son yacht et à sa villa à Chypre. L’argent confisqué servira à payer des compensations à ses victimes. L’Irak, son principal marché, recevra 3,9 millions. C’est peu par rapport aux 50 millions dépensés par ce pays ravagé par une guerre qui n’en finit pas… et qui attire les profiteurs.

L’Irak est loin d’être le seul pays à avoir cru à la « baguette magique » de Jim McCormick. La police mexicaine l’a agitée pour déceler de la drogue, alors que les autorités kényanes s’en sont plutôt servies pour détecter de l’ivoire de contrebande ! Les casques bleus postés au Liban, la police de Belgique, le groupe hôtelier Mövenpick et les services pénitenciers de Hong Kong sont aussi tombés dans le panneau. Au total, l’arnaque a rapporté 100 millions de dollars à ses auteurs. Jim McCormick a même tenté de vendre son appareil à la Gendarmerie royale du Canada…

 En juin 2014, 38 personnes sont mortes dans un attentat-suicide à l’aéroport de Karachi. Le kamikaze était passé sous le nez des agents de sécurité, tous équipés de l’A.D.E. 651. En Thaïlande, des centaines de personnes ont été jetées en prison parce que des traces d’explosifs avaient été « détectées » sur elles par ces appareils. Toutefois, c’est en Irak que les conséquences de cette grande supercherie sont les dramatiques car  des centaines de vies ont été fauchées pour satisfaire l’avidité d’un escroc.

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