Tout le monde connaît les fameux soldats de terre cuite (site de Lingtong) censés veiller sur la tombe de l’empereur Qin Shi Huang Di, 259- 210 av. J.-C., premier unificateur des royaumes chinois et bâtisseur de la première Muraille de Chine (qui n’avait rien à voir avec l’actuelle datant des Ming et retapée/rehaussée depuis) et inhumé à l’emplacement de sa capitale X’ianyang. Découverts en 1974, classés depuis au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO (1987) et source désormais d’une intense exploitation touristique très lucrative, cet ensemble de soldats alignés – impressionnant trésor de l’humanité -, ne laisse pas cependant de poser des questions au point que Guy Debord (1988) parlait du « risible faux bureaucratique chinois des grandes statues de la vaste armée industrielle du Premier Empereur «.
Ces statues – étonnamment intactes et comme neuves après un séjour de 2000 ans sous terre – diffèrent par le gigantisme, le réalisme, la gestuelle, les mimiques, de tout ce qui est connu en terres cuites funéraires avant, (Royaumes combattants Vè-IIIè av. J.-C.), comme après, (Tang VIIè-IXè après J.-C.), qui sont en général petites, stylisées et sobres (mingqi). De plus, elles auraient été réalisées en peu de temps car le règne de Qin fut bref et auraient survécu à l’incendie et au sac de la capitale par les rebelles. Sima Qian (89 av.J.-C.) décrivant les intrigues et assassinats à la Cour entre les fils de Qin – dont la dynastie ne dura pas plus que trois ans (Qin Er Shi) – ne mentionne pas cette armée d’environ 8000 hommes.
Certains donc en concluent à des faux fabriqués sur ordre sous Mao. On pourra objecter qu’il semble impossible de fabriquer tant d’objets d’art sans que cela se sache mais rien ne s’oppose à ce qu’on commande des objets en nombre sous couvert de copies (cela se pratique partout) et aucune difficulté pour Pékin – qui l’a déjà fait – à faire disparaître quelques milliers d’ouvriers au temps des luttes entre factions, cette formidable découverte appuyant la faction maoïste prônant une dictature féroce du prolétariat.
Le classement de l’UNESCO ayant été obtenu sans qu’aucune inspection préalable n’ait été autorisée par les Chinois et sans qu’aucune équipe non-chinoise ne puisse – à ma connaissance aujourd’hui – examiner et dater le site, un fort doute persiste au sujet de ces guerriers qui gardent le tombeau de l’Empereur qui donna son nom à la Chine.
Charles Chaleyat