Nous sommes en des temps de recomposition politique. D’aucuns diront de décomposition. Entre ceux qui ne savent plus où ils habitent, ceux qui se cherchent une maison, vu que la leur ressemble à un tas de ruines, ceux, encore, qui s’agrippent au plancher alors que les poutres sont pourries, il y a de quoi être perdu. Vous habitez telle ville, vous pensiez avoir un maire LR et, un beau matin, vous découvrez dans le journal qu’il est passé sur le trottoir d’en face.
En gros, et pour essayer de faire simple, il y a les hommes et femmes politiques (on les appellera politiciens, même si le terme est souvent péjoratif), les idées et les partis. Un mot, d’abord, sur les partis. C’est la mode, de les dézinguer, mais on pourrait objecter que lorsqu’un politicien rassemble autour de lui plus de deux partisans, cela s’appelle un parti. Un parti n’est jamais qu’un moyen, pas une fin en soi. Henri de Navarre rassembla, un temps, derrière son nom le parti protestant. Les Guise avec la Ligue, le parti catholique. Paris valant bien une messe, le futur Henri IV sut s’élever au-dessus de son parti et même au-dessus de tous les partis.
Alors, vous avez les politiciens qui vont rester, toute leur vie, fidèles à leurs idées, quitte à abandonner leur parti d’origine, s’ils estiment qu’il n’est plus en adéquation avec leurs convictions. Christian Vanneste a, depuis longtemps, quitté ce qui s’appelle aujourd’hui les LR. Il est, incontestablement, resté fidèle à ses idées d’homme de droite. Plus récemment, Thierry Mariani, après plus de quarante ans de militantisme gaulliste, a rejoint le Rassemblement national qui, selon lui, défend des idées que feu le RPR osait jadis défendre. Fidélité aux idées et non au parti.
Vous avez, aussi, des politiciens qui peuvent évoluer dans leurs idées. Ce n’est pas interdit. Pas de procès d’intention. Prenez l’abolition de la peine de mort, totem de François Mitterrand en 1981. Le projet de loi fut porté avec grandeur devant l’Assemblée par Robert Badinter, avocat qui avait sans doute sauvé moins de têtes que Mitterrand n’en avait envoyé à la guillotine lorsqu’il était garde des Sceaux durant la guerre d’Algérie. De même, combien sont-ils, à « droite », à avoir été opposés au mariage homosexuel et qui, aujourd’hui, estiment que, finalement, ils s’étaient trompés, que la société a évolué et, donc, eux aussi ont évolué. Mettons. Faisons le pari que ces mêmes esprits larges (car changer d’idée devient forcément un gage de largesse d’esprit), aujourd’hui se posant des questions sur la PMA tout en étant opposés mordicus à la GPA, demain, la PMA votée, évolueront favorablement sur la question de la GPA, le moment venu.
Enfin, vous avez une dernière espèce de politicien : les amnésiques. Ceux qui vous disent avec un aplomb qui force l’admiration : « Moi, j’ai jamais été contre… » Des lustres qu’on a inventé l’imprimerie, le magnétophone, le film, la capture d’écran, bref, tout un tas de moyens techniques qui permettent de conserver précieusement les déclarations de nos politiciens, et pourtant, vous en aurez qui affirmeront qu’ils n’ont jamais été, par exemple, opposés au mariage homosexuel. Dans cette espèce, on y rangera Geoffroy Didier, député européen LR. Invité de franceinfo, l’ex de la Droite forte déclare : « La droite ne doit pas se réfugier dans des idéologies trop conservatrices… Souvenez-vous de cette droite, dont je ne faisais pas partie, parce que je ne suis jamais allé manifester contre le mariage pour tous… » Or, comme le fait remarquer Le HuffPost, en janvier 2013, ce même Geoffroy Didier déclarait qu’il ne manifesterait « ni contre les homosexuels, ni même contre les droits des homosexuels, mais contre le projet de loi qui efface les notions de père et de mère du Code civil ». L’amnésie ou le degré zéro de la conviction politique ? Point positif : Geoffroy Didier, dans cette même interview, affirme qu’il reste dans son parti.
Les politiciens, les idées, les partis, disions-nous. On allait oublier les électeurs…
Georges Michel – Boulevard Voltaire