L’information a été divulguée par le Journal du dimanche. Une information de nature à étiqueter encore un peu plus notre actuel Président comme « Président des riches », ce que ne manqueront assurément pas de faire les Mélenchon et consorts.
On apprend, en effet, que l’Élysée vient de passer commande à la prestigieuse Manufacture nationale de Sèvres pour refaire le service d’apparat de l’Élysée, celui qu’on sort dans les grandes occasions et les grandes heures de la République pour les hôtes de la France, leurs dames en robes du soir et leurs messieurs en habit.
« C’est sur les conseils de l’intendance et parce que les couverts de l’Élysée avaient besoin d’être remis au goût du jour selon elle, que cette commande a été faite », écrit le JDD. Une commande d’un montant de 500 000 euros, une somme « répartie entre la Manufacture de Sèvres, un établissement public, et le ministère de la Culture ». Le dessin de ce nouveau service, baptisé « Bleu Élysée », a été confié au plasticien Évariste Richer (Vidéo !?).
Le journal rappelle également que le dernier service élyséen fut commandé par Jacques Chirac et le précédent par René Coty – donc avant 1958. Le couple de Gaulle n’y avait rien changé. Quant aux Pompidou, ils avaient refait toute la décoration du palais dans un goût assez psychédélique sans s’attaquer à la vaisselle. Les Mitterrand ne s’étaient pas, non plus, lancés dans l’aventure, ce dont on se réjouit fort lorsqu’on voit comment Danielle avait décoré leur datcha de Latche… Enfin, dans une veine revendiquée encore plus « ordinaire », le jovial Hollande, qui planta la reine d’Angleterre devant la table lors d’un dîner de gala et s’en allait en pantoufles lutiner sa belle rue du Cirque, on imagine qu’il préférait les couverts en plastique et les gobelets de carton aux artefacts du luxe.
Eh bien, je vous le dis tout net, je trouve que Macron a raison de renouveler le service de grand-mère et l’argenterie de papa. Certes, d’aucuns me diront que j’ai tort, qu’il y a mieux à faire des deniers publics mais, voyez-vous, je préfère que mes impôts servent à entretenir le rayonnement des arts décoratifs français à travers le monde plutôt que les salaires mirifiques des fonctionnaires du Sénat ou ceux, astronomiques, de certaines stars incultes de la télé publique ; ou encore, hélas, à banquer à prix d’or des chambres d’hôtel minables pour des immigrés en transit.
J’assume parfaitement, en ce domaine, mon côté vieille France et il faut voyager un peu pour mesurer combien notre pays jouit – encore – d’une réputation d’excellence et de savoir-faire dans ce domaine du luxe, sans doute l’un des plus pourvoyeurs de devises pour nos industries du cuir, de la porcelaine, du cristal, de la haute joaillerie ou de la dentelle. Hélas, que de maisons prestigieuses ont disparu ces dernières décennies…
Les crises sont passées par là et puis, facteur d’importance, l’art a divorcé des beaux-arts. Avec fracas. Alors, difficile de faire du beau avec du moche quand il se revendique comme tel…
Pourtant, il fut un temps où les plus grands voyaient de la noblesse à se frotter aux arts décoratifs. On se souvient, par exemple, d’un Georges Mathieu dont nous avons tous, pendant près de vingt ans, traîné la pièce de 10 francs dans nos poches ! Mathieu qui dessina les affiches d’Air France, alors compagnie rayonnante ; Mathieu qui réalisa des cartons de tapisserie pour les Gobelins et, plus populaire encore, le logo d’Antenne 2 – chaque soir à l’écran, du 6 janvier 1975 au 12 septembre 1983 !
Mais les très subventionnés « acteurs culturels » des années Mitterrand et leurs copains promus conservateurs lui firent chèrement payer sa prolifique créativité et ses idées droitières : décroché des cimaises pour croupir dans les caves des musées français, il aura fallu attendre la mort du peintre, en 2012, pour l’en voir timidement ressortir…
Marie Delarue – Boulevard Voltaire