L’Hôtel de Lauzun, ou Hôtel Pimodan, est un hôtel particulier du XVIIe siècle, situé quai d’Anjou sur l’île Saint-Louis à Paris.
L’hôtel est construit entre 1650 et 1658 par Charles Gruyn (ou Groïn) des Bordes, commissaire général des vivres pour la cavalerie légère, enrichi dans la vente de fourrage pour les chevaux des armées de Louis XIV, sur un terrain acquis en 1641. Le propriétaire voulait rester discret sur la construction de cet hôtel. Nous ne savons donc pas aujourd’hui avec certitude qui étaient l’architecte et les peintres employés à la réalisation de l’édifice.
L’hôtel est acquis en 1682 par le comte de Lauzun après un séjour de 10 ans à la prison de Pignerol (forteresse française située entre Briançon et Turin) pour « injures au roi ». Le comte occupe l’hôtel jusqu’à son départ de France en 1685. Après avoir attendu son retour en grâce et à la cour, le comte part seconder le roi Jacques II d’Angleterre dans la guerre d’Irlande.
L’hôtel est par la suite habité, jusqu’en 1709, par le marquis de Richelieu et son épouse Marie-Charlotte de La Porte de La Meilleraye, fille aînée du duc de Mazarin et de la nièce du cardinal Mazarin, Hortense Mancini.
Pierre-François Ogier, conseiller du roi et receveur du clergé, fait alors l’acquisition de l’édifice, qui reste dans sa famille jusqu’en 1779. C’est ensuite Charles Jean de la Vallée, marquis de Pimodan, qui en prend possession.
Pendant la première moitié du XIXe siècle, l’hôtel passe entre les mains de plusieurs propriétaire qui laissent le bâtiment aux soins de divers locataires. Il est loué par des alchimistes, des teinturiers – il prend le nom d’hôtel des Teinturiers au XIXe siècle – mais aussi des écrivains parmis lesquels Théophile Gautier, Roger de Beauvoir ou encore Charles Baudelaire de 1843 à 1845.
Le Club des Haschichins (Baudelaire, Nerval, Gautier, Delacroix, Daumier, Balzac) organise ses réunions dans les salons de l’hôtel.
Vers le milieu du XIXe siècle, le banquier et baron Jérôme Pichon devient propriétaire de l’hôtel. Le bâtiment avait subi diverses dégradations : le nouveau propriétaire le restaure donc en partie et y abrite ses collections d’oeuvres d’art. L’hôtel prend alors le nom d’hôtel de Lauzun, Jérôme Pichon étant l’un des admirateurs du comte.
En 1899, la ville de Paris devient, pour 300 000 Francs, la propriétaire de l’hôtel de Lauzun. Elle souhaite y installer un musée des arts décoratifs du XVIIe siècle. Mais en 1905, la municipalité parisienne revend l’hôtel au petit-fils de Jérôme Pichon, Louis Pichon, et le bâtiment est classé Monument Historique au début de l’année 1906.
Louis Pichon restaure le bâtiment et, en 1928, ruiné, le revend à la ville de Paris, cette fois pour 4 millions de Francs.
L’Hôtel de Lauzun est aujourd’hui encore une propriété de la ville de Paris.