Adele monte dans le bus qui relie la cité des Lombriconi au centre de Bologne. Elle vient d’avoir 18 ans et part accoucher, seule. Parce que le père est un voyou égoïste, parce que là où elle vit tout le monde semble « né pour perdre », parce qu’elle veut donner à son enfant la chance d’une vie meilleure, Adele est sur le point de l’abandonner.
Dans son grand appartement du centre-ville, Dora, elle, n’est pas seule. Mais après des années de FIV ratées, son désir de maternité s’est transformé en obsession et mine son mariage. Entre ces deux femmes au seuil de choix cruciaux, il y a Zeno : le voisin d’Adele qui tous les soirs l’espionne depuis son balcon ; l’élève appliqué de Dora, qui connaît les frontières invisibles qui séparent la ville et les êtres. Et tous au fond cherchent la même chose. Un refuge, un lieu tranquille d’où l’on pourrait apercevoir, au loin, la vie parfaite. Silvia Avallone sonde ce moment si particulier, mêlé de peur et d’émerveillement, où l’on choisit d’avoir un enfant, de croire en son avenir. Avec une énergie romanesque et une puissance d’écriture incomparables, un sens aigu du portrait et de la mise en scène, elle porte un regard d’une terrible acuité sur sa génération, une jeunesse écartelée entre précarité et utopie.