La plus grande plage d’Europe va être privatisée. Le groupe Veolia a lancé, il y a quelques jours, le processus de gestion d’une concession nouvelle et inédite à La Baule : 5,4 km de plage en Loire Atlantique. Un contrat de douze ans a été signé avec l’Etat mi-décembre. Et les commerçants sont furieux.
“Il y a des gens qui arrêteront”. Les 35 bars, restaurants, clubs de plage et clubs de voile, construits en dur sur la grève de la station balnéaire, devront être rasés, et remplacés par des structures démontables au style standardisé. “Hors de prix”, s’insurge Marco Le Bihen, du club des Léopards. “Quand vous avez un investissement de 400.000, 800.000 voire 900.000 euros pour les plus gros, si en même temps on vous double de loyer, votre bateau est sous la ligne de flottaison”, illustre-t-il. “Il y a des gens qui arrêteront”, prévient-il.
“Scandaleux”. Le mois prochain, Veolia remet en jeu les 35 emplacements. Patrick Couder, propriétaire du bien nommé Beach-bar : “Ce qu’on nous demande de faire, c’est de doubler, voire de tripler nos établissements. Moi, aujourd’hui, j’ai 350 m², et je vais me retrouver avec 1.200 m². On va pouvoir quasiment mettre des matelas jusqu’au bord de l’eau. C’est une privatisation de la plage, comme sur la Côte d’Azur”, craint-t-il. L’intérêt d’une telle démarche, c’est “d’augmenter les loyers”, dénonce Patrick Couderc. “Tous les frais de la plage, c’est-à-dire de l’espace public, c’est nous qui allons les supporter. C’est proprement scandaleux !”, s’agace-t-il.
Beaucoup redoutent l’arrivée sur la plage de groupes de restauration fortunés, dont le style et les tarifs risqueraient fort de dénaturer le charme et l’esprit des établissements baulois.