Le fichage, une tradition républicaine

Minute de mercredi met les points sur les “i” :

C’est merveilleux, on n’entend plus parler, de l’extrême gauche au Front national (ou plutôt au Rassemblement Bleu Ma- rine), que de République. Seul est mis au ban du merveilleux régime le sulfureux Robert Ménard. François Hollande a assuré, depuis… Riyad, que « le fichage d’élèves » est « contraire à toutes les valeurs de la République ». Contrairement à la vente d’armes à des monarchies pétrolières régies par la charia et où la femme adultère est mise à mort par lapidation… Il semble cependant que notre bon président ait quelques trous de mémoire. Car les très riches heures de la République française se sont illustrées, au tout début du XXe siècle, d’une affaire de fiches assez retentissante, dans laquelle les « grands ancêtres » de la laïque baignaient jusqu’au cou.

Le fichage sous-traité aux loges
Ce fichage-là ne concernait pas les élèves musulmans de la ville de Béziers… mais l’ensemble des officiers catholiques sur la totalité du territoire français. Il avait été mis en œuvre par le général Louis André, nommé ministre de la Guerre en mai 1900 par le pré- sident du Conseil, le « républicain modéré » Pierre Waldeck-Rousseau, et maintenu dans ses fonctions par Emile Combes, qui succéda à Waldeck-Rousseau en 1902. Républicain, libre-penseur et anticlérical, André entreprend, dès 1901, de ficher les officiers en fonction de leurs orientations politiques et religieuses, avec l’aide du Grand Orient de France, la principale obédience maçonnique française.

« Dès 1894, écrit Jean Sévillia (1), l’organisation maçonnique avait créé un secrétariat chargé de collecter des renseignements sur les militaires qui étaient candidats à l’initiation. C’est ce secrétariat qui, étendant son champ d’action, se met secrètement à la disposition du ministre. Dans chaque ville de garnison, les loges sont chargées de récolter des indications sur les officiers. A Paris, le secrétaire du Grand Orient, Vadecart, centralise les fiches avant de les transmettre au capitaine Mollin, au ministère de la Guerre. »

Les fiches contiennent des observations telles que : « Va à la messe », « Avale son hostie tous les dimanches », « Ne manque pas la confession », « Reçoit la Croix chez lui », « a reçu la bénédiction du pape à son mariage par télégramme », « Fait élever ses enfants chez les Frères », « Appartient à une famille de prêtres », « Sa femme s’occupe beaucoup d’œuvres pieuses », ou encore : « Rallié à la République, n’en porte pas moins un nom à particule » ! Les bons éléments sont eux aussi signalés : « Bon républicain, ne met jamais les pieds dans une église », « Libre penseur convaincu, à recommander au ministre. »

Au terme de cette entreprise de délation, 20 000 officiers français, sur 27 000, sont ainsi catalogués, écrit Jean Sévillia. Les fiches sont classées dans deux dossiers, l’un intitulé Carthage, en référence à la devise de Caton l’ancien : « Carthago delenda est » (Carthage doit être détruite) ; l’autre Corinthe par allu- sion au proverbe latin « Non licet omnibus adire Corinthum » (Il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe). Les mauvais sujets sont regroupés dans le premier, sorte d’enfer républicain ; les bons dans le second, paradis qui ouvre les portes de l’avancement. Chaque fiche précise la suite à donner à la carrière de l’intéressé : à promouvoir ou à barrer.

(…) François Hollande paraît donc mal avisé de prétendre aujourd’hui que le fichage est contraire aux valeurs de la République… au moment même où son premier ministre Manuel Valls, prompt à dénoncer la vilenie supposée de Robert Ménard, s’emploie lui-même à faire voter une loi qui permettra d’espionner l’ensemble de la population française !

Rien à voir avec le constat de Grand Remplacement effectué par Robert Ménard qualifié de “fichage” par les merdias.

Source : Minute de mercredi

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5 Comments

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  • Catholique & Français , 12 mai 2015 @ 13 h 47 min

    “Le fichage”, c’est la République-Laïcité qui l’a inventé, et pas les martiens, bien avant tonton Adolf ou oncle Joseph ! Ah, les beaux donneurs de leçons de Vertu ! On veut grimper au mat de cocagne et on a le c.l plein de m…e ! Je crois même me rappeler qu’à l’Epoque, pas si Belle que ça, l’Officier supérieur Philippe Pétain, pourtant non pratiquant mais d’esprit libre et indépendant, avait crânement répondu aux affidés de la Secte qui l’interrogeaient sur la pratique religieuse catholique de ses subalternes : “Je ne peux pas vous répondre car, à la Messe, je suis toujours au premier rang et je ne me retourne pas pour voir qui est présent !” On comprend pourquoi, avec un tel comportement, le futur Maréchal de France n’était à l’été 14 qu’un simple Colonel sur le point de prendre sa retraite.

  • jpr , 12 mai 2015 @ 15 h 24 min

    Vous n’avez pas compris : le fichage, il n’y a que les francs-macons qui ont le droit de le pratiquer (et ne s’en privent pas). Et Manu le Gazeur, en bon frère :. leur emboîte le pas : grâce à ses écoutes téléphoniques et sa surveillance d’internet, il va pouvoir remplir plein de petites fiches sur ceux qui lui déplaisent, ce qui va lui faire un très grand nombre de fiches à disposition. Pour sûr, cela va permettre de créer des emplois de garde-fiches qu’il sera aisé, le temps venu, de transformer en emplois de garde-chiourmes.

  • Marino , 13 mai 2015 @ 9 h 44 min

    L’Affaire des fiches (1901 – 1905) : Une tentative de dictature républicaine de la Gauche

    Le système des fiches, initié sous Pierre Marie René Waldeck-Rousseau (1846 – 1904), étendu sous le radical Emile Combe (1835 – 1912), était une « tentative de dictature républicaine » comme l’écrira le biographe de ce dernier.

    Cette discrimination administrative pour délit d’opinion faite au sein de la fonction publique, de l’enseignement et de l’armée aura des conséquences graves : 184 Généraux médiocres et incapables ayant bénéficié du système des fiches seront limogés par le généralissime Joffre dès les premiers mois de la grande Guerre. il faut dire qu’en deux mois de combat, les allemands étaient arrivés aux portes de Paris!

    Le fichage des Français continuera discrètement après ce scandale et refera surface sous le Front populaire avec un certain Bousquet.

    Sur 27 000 officiers, 20 000 seront fichés par le Grand Orient de France. Sur 2626 fiches étudiées par l’historien François Vindé, 210 signalent les éléments à promouvoir, les autres sont celles d’individus douteux ! Les officiers à écarter sont classés au ministère de la guerre dans le dossier « Carthage » (allusion à Caton l’ancien qui rêvait de la détruire) ; ceux à promouvoir dans le dossier « Corinthe » (le proverbe latin dit qu’il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe).

    Le scandale dévoilé

    Ce système ultra-confidentiel a été dévoilé à l’automne 1904 grâce à Jean-Baptiste Bidegain. Pris de remords et voulant quitter la maçonnerie, le secrétaire adjoint du Grand Orient de France remit au député de droite Jean Guyot de Villeneuve une partie des fiches. Le 28 octobre 1904, ce dernier fait une intervention à la chambre des députés ; dès le matin des fiches avaient été publiées dans les quotidiens Le Figaro et L’écho de Paris.

  • Daniel chaudron , 14 mai 2015 @ 1 h 21 min

    Ah, enfin!
    Merci pour ce rappel historique, oublié par des journalistes pourtant favorables à Robert Mesnard, sur des sites comme Boulevard Voltaire, Polemia…

  • Psyché , 14 mai 2015 @ 1 h 31 min

    Avec la loi sur le renseignement, le gouvernement Valls a décidé de tracer, ficher et espionner en permanence tous les francais et c’est bien.
    Par association des prénoms à une origine, la Mairie de Bezier fait des statistiques au niveau d’une salle de classe et c’est mal !
    Cherchez l’erreur !

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