Après le détournement de dizaines de millions de dollars par des milliers de fausses victimes de la Shoah, le récit inventé. Misha Defonseca, une femme née en Belgique et vivant dans le Massachusetts, a été condamnée le 29 avril à verser 22,5 millions de dollars à son éditeur, après qu’elle ait reconnu avoir inventé ses mémoires. Cette décision de justice rendue par le juge Marc Kantrowitz confirme une précédente, de 2012.
Tout commence en 1997 avec la sortie de Misha: A Memoire of the Holocaust Years, bestseller traduit dans les années qui suivent en 18 langues au point de faire l’objet d’un long métrage… français, Survivre avec les loups, en 2007. Dans son livre, Defonseca raconte sa vie dans la forêt, avec les loups, entre 7 et 11 ans mais aussi le meurtre d’un soldat de l’Armée allemande, après que ses parents aient été arrêtés parce que juifs. En fait, celle qui a aujourd’hui 76 ans, était scolarisée à Bruxelles pendant la Seconde guerre mondiale et n’est même pas juive. Quant à ses parents, ils ont été arrêtés pour des faits de résistance. “Cette histoire est la mienne. Ce n’est pas vraiment la réalité mais ma réalité, ma façon de survivre”, a tenté de justifier Misha Defonseca, confondue en 2008.
L’historienne Deborah Dwork, auteur d’un livre sur les enfants juifs dans l’Europe nazie, et Lawrence L. Langer, historien spécialiste de la Shoah, avaient exprimé leurs doutes à la lecture du manuscrit mais l’éditeur ne les avait pas écouté. Le livre avait finalement été parrainé par Elie Wiesel, dont la présence à Buchenwald comme à Auschwitz fait l’objet de discussions.