Claude Chirac a fait don, cet hiver, de vieux pull-overs et costumes de son père à une association venant en aide aux réfugiés. C’est l’écolo-photographe Yann Arthus-Bertrand, « personnellement engagé dans l’accueil des migrants », qui vient de raconter l’anecdote à L’Obs. Sans doute parce que le bien qui ne fait pas de bruit ne sert à rien dans notre monde médiatisé.
Contacté par une religieuse qui appelait au secours car elle ne trouvait pas assez de vêtements chauds, le photographe répercute cet appel à tous ses contacts, dont la fille de l’ancien Président. « Je m’en occupe, ne t’inquiète pas », lui répond aussitôt l’ancienne chargée de com’ de son Président de père. Et de faire livrer par « voiture officielle avec cocarde tricolore » les nippes présidentielles à ladite association. Une bien belle histoire, en tout cas, comme on dit au 13 h 00 de Jean-Pierre Pernaut.
Certes, L’Obs ne rentre pas dans les détails concernant cette garde-robe partie pour de nouvelles aventures. Y trouve-t-on, par exemple, le costume dans lequel Jacques Chirac prononça ce fameux discours d’Orléans, le 19 juin 1991 ? « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant-guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence… Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur… » On espère alors que la très people dame patronnesse l’a donné au dégraissage avant de le refiler à ses pauvres. Si c’était le cas, on comprend mieux, alors, la remarque de Yann Arthus-Bertrand, les yeux sans doute embués : « Symboliquement, je trouve ça magnifique de savoir que les vêtements d’un Président sont portés par des réfugiés de la porte de le Chapelle ! »
Au fait, a-t-on demandé l’avis au Président émérite ? La bien belle histoire ne nous le dit pas. En tout cas, c’est pas cet Auvergnat de Giscard qui aurait fait ça, hein ! Rappelons que l’Ex, lorsqu’il fut admis à l’Académie française en 2003, fit retailler l’habit de son père Edmond plutôt que de s’en faire confectionner un. Il n’y a pas de petites économies, diront les méchantes langues ! Et les frusques de De Gaulle ? Tiens, parlons-en. Lorsque Tante Yvonne décida d’entrer chez les sœurs de l’Immaculée Conception à Paris en 1978, avant de quitter la Boisserie, elle brûla tout simplement les vieux uniformes de son mari. C’est-y pas honteux ? Cela dit, que faire d’une vieille vareuse ou d’une capote à boutons dorés ? Pas facile à reconvertir, faut avouer. Un treillis, pour aller à la chasse ou à la pêche, je veux bien. Mais de Gaulle ne portait pas le treillis…
Mais je pense tout d’un coup à un truc. Habiller les migrants, c’est grand, c’est beau, c’est généreux. Les loger, c’est encore mieux. Alors, une idée que pourrait suggérer Yann Arthus-Bertrand à son amie Claude Chirac : pourquoi ne pas héberger des migrants dans ce fameux château de Bity, en Corrèze, toujours propriété de ses parents, sauf erreur de notre part ? En 2011, France-Soir révélait que les Chirac ne se rendaient qu’une fois par an dans leur propriété alors que la surveillance coûtait, à l’époque, 420.000 euros à l’État (six gendarmes affectés en permanence à la surveillance). Ce serait une façon d’allier l’utile à l’agréable, en quelque sorte. On laissera au lecteur le soin de juger ce qui est utile et ce qui est agréable.
Georges Michel – Boulevard Voltaire