Une nouvelle polémique agite les réseaux sociaux et les médias autour d’une certaine Ligue du LOL, dont les membres sont accusés de cyberharcèlement. Marc Eynaud, journaliste « digital » et, à ce titre, observateur des réseaux sociaux, nous dit ce qu’il en est.
En tant que journaliste « digital », vous êtes un observateur privilégié des réseaux sociaux. Qu’est-ce que cette fameuse Ligue du LOL, dont on parle tant ces jours-ci ?
Ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Il s’agit, en tout et pour tout, de trente utilisateurs du réseau social Twitter. Ils avaient tendance à se rassembler pour se moquer d’internautes…
Le problème est que certains membres de ce groupe mènent, aujourd’hui, une carrière journalistique prometteuse. Leur situation risque de se compliquer.
Cette affaire implique des notables du monde journalistique très « féministement correct ». C’est d’ailleurs, semble-t-il, cette hypocrisie que leurs victimes leur reprochent…
On trouve dans cette équipe, par exemple, David Doucet, rédacteur en chef aux Inrockuptibles et auteur d’un ouvrage sur la fachosphère. On y trouve, aussi, Alexandre Hervaud et Vincent Gald, tous les deux journalistes à Libération. Ils ont été mis à pied par Libération et tous les autres journaux avec lesquels ils collaboraient.
Pour mémoire, Alexandre Hervaud a été mis en cause pour avoir tweeté, lors de l’assassinat du père Jacques Hamel, que les terroristes avaient probablement été abusés par ce prêtre.
Parmi les membres, on peut également citer Stephen des Aulnois. Cet expert du monde pop, passé sur Quotidien, avait notamment défendu « une culture porno respectueuse des femmes ».
Pourquoi cette affaire sort-elle aujourd’hui ?
Ce collectif date d’il y a une petite dizaine d’années. Les membres de ce petit groupe n’avaient, alors, pas encore véritablement percé dans leur profession. Ils n’étaient encore que des anonymes. Aujourd’hui, certains d’entre eux ont acquis une réelle notoriété.
Néanmoins, leurs agissements avaient été dénoncés, il y a quelques années déjà, par une blogueuse. Elle avait parlé d’eux sur son blog après une attaque de la Ligue du LOL. Elle les appelait les « sales petits mecs ».
Il y a peut-être eu une volonté de se payer les célébrités qu’ils sont devenus. C’est une piste.
Que cette affaire révèle-t-elle selon vous ?
Cette affaire concerne une trentaine d’internautes qui en ont harcelé, au mieux, une centaine. En soi, ce n’est rien, comparé aux millions d’utilisateurs de Twitter.
L’ampleur que cette affaire a prise révèle la place des milieux parisiens dans l’influence des réseaux sociaux. Ce point est très intéressant. Ce milieu tient une place prépondérante. La moindre affaire les concernant devient une véritable affaire nationale. Cette histoire concerne tout de même quatre rédactions parisiennes.
Tous ces gens ont en commun d’être un peu les parangons de l’ordre moral et du politiquement correct. Ils se targuent d’un discours ultra-féministe mais, en réalité, ils ont des poussées violentes teintées d’un humour douteux et cynique.
Cela fait penser à cette affaire de l’ancien patron des Jeunes Socialistes qui produisait régulièrement des visuels féministes et antimachistes et qui est, en ce moment, en procès pour des affaires de tentatives de viol.
C’est l’arroseur arrosé ! Ils ont voulu paraître parfaits aux yeux du monde, sans être capables, en réalité, de respecter ce qu’ils souhaitaient mettre en place.
Boulevard Voltaire