Qui est Henri de Castries, l’ex futur ministre des Finances de Fillon? (Vidéo)

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Alors que les politiques s’agitent en pleine campagne électorale, l’aristocratie de la finance prend position pour tel ou tel candidat, qu’il soit de gauche ou de droite. Une des figures les plus marquantes en est, sans aucun doute, Henri de Castries, qui, ancien élève de l’ENA et de l’inspection générale des finances, a été président-directeur général d’Axa, après déjà une longue carrière dans la finance. Récemment, Henri de Castries a annoncé officiellement son soutien à son ami Fillon.

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Qui est Henri de Castries ? Dans sa série Portrait, la Lettre d’informations confidentielles, Fait & Documents, lui a consacré sa chronique. Avec son autorisation, Polémia la reproduit ci-après.

Issu de la promotion Voltaire de l’ENA, inspecteur des finances flamboyant, successeur de Claude Bébéar à la tête d’Axa, Henri de Castries a mis ses tentaculaires réseaux au service de François Fillon. Mais depuis la victoire de son poulain à la primaire de la droite et du centre, celui qui se voyait déjà à Bercy se révèle comme le principal handicap du candidat LR.

« Des allures d’éternel premier communiant », Le Nouvel Observateur, 27 janvier 2001.

« Ne pas se fier à sa silhouette juvénile et [à] son rire facile », Le Monde, 15 décembre 2016.

« Chasseur, amateur d’art, Henri de La Croix de Castries cultive un abord décontracté et potache, et jure de ne jamais tomber « dans le piège des vanités du monde, à savoir le pouvoir et l’argent ». Trop contrôlé ? Trop parfait ? Ou simplement trop épargné par l’existence ? Comme s’il lui manquait les cicatrices de la vie, celles qui façonnent l’homme en profondeur », Challenges, 3 mars 2005.

« Issu d’une grande famille aristocratique, Henri ne peut avoir que de grandes ambitions. […] Mais que faire pour briller ? L’armée n’est plus qu’une gloire fanée, l’administration, un présent dépassé. Reste le secteur privé », Le Point, 18 juillet 1998.

« J’ai estimé que je pouvais davantage servir l’intérêt général chez Axa. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, j’ai été élevé dans un milieu très ouvert et qui sait prendre ses distances par rapport aux idées reçues », Henri de Castries, La Tribune, 20 janvier 2000.

« Je suis partisan de l’économie de marché la plus ouverte possible », Henri de Castries, Libération, 13 mars 2000.

« Un cas d’école de ce que l’aristocratie française peut produire de mieux », Dov Zerah, Challenges, 3 mars 2005.

« C’est un Européen convaincu, il a voté oui à Maastricht, il est un bon contrepoids pro-occidental », Alain Minc, Le Monde, 16 décembre 2016.

« Le patriotisme est une notion lourde de sens qui ne doit pas être employée à contresens, et certainement pas confondue avec le protectionnisme », Henri de Castries, Les Echos, 11 septembre 2006.

Henri de La Croix de Castries est né le 15 août 1954 à Bayonne (Pyrénées- Atlantiques). Issu d’une importante famille originaire du Languedoc anoblie en 1487, il est l’aîné de François de La Croix de Castries, militaire (titulaire de la Silver Star, distinction de l’armée américaine), puis directeur de banque, et de Gisèle de Chevigné, fille de Pierre de Chevigné (1909-2004). Compagnon de la Libération (décret du 9 octobre 1945), député MRP des Basses-Pyrénées (1945-1958), actionnaire du journal L’Aurore, secrétaire d’Etat à la Guerre (1951-1954), brièvement ministre de la Défense de la IVe République finissante (mai-juin 1958), puis président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (1964-1976), ce grand-père est sans nul doute celui qui, parmi ses innombrables « illustrations familiales », a le plus marqué Henri de Castries et contribué à sa formation politique : « Tous les étés, dans la maison familiale de Biarritz, il recevait René Pleven et Jacques Chaban-Delmas à dîner. Nous, les petits-enfants, avions droit d’assister à leur conversation » (Le Monde, 16 décembre 2016). Plus tard, Henri de Castries sera conseiller municipal UDF d’Abitain (1983-2001), le village dont son grand-père avait été le maire (1935-1940 et 1945-1965), et fera campagne à la fin des années 1970 pour le jeune François Bayrou, à qui Pierre de Chevigné avait mis le pied à l’étrier. Lié, comme nombre de personnalités de sa famille, à la Société des Cincinnati de France, amicale franco-américaine créée en 1783 par George Washington, il participa, en janvier 1987, au château de Guitalens (Tarn), au dîner offert par le marquis Alain de La Jonquière en l’honneur du prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou, alors héritier du trône de France pour les légitimistes. Henri de Castries aurait entretenu, à cette époque, des liens étroits avec les Laboratoires Pierre Fabre.

« Aristocrate, élevé faubourg Saint-Germain dans le cocon douillet de la France des rallyes et des châteaux » (Les Echos, 20 janvier 2000), passé par l’école privée catholique de Saint-Jean-de-Passy et le collège Stanislas (il a été refusé à Sainte-Geneviève à Versailles), Henri de Castries a participé, en novembre 2000, au congrès international de la communauté catholique charismatique Fondation pour un monde nouveau (créée dans la foulée de Vatican II), a soutenu financièrement les très conformes Scouts et Guides de France et s’est longtemps affiché avec le cardinal Jean-Marie Lustiger au dîner mensuel du Club Saint-James. Membre du comité de parrainage du Collège des Bernardins, membre des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens, réseau patronal animé par Robert Leblanc (directeur de la branche française de l’assureur américain Aon), Henri de Castries, qui indiquait à La Tribune (20 janvier 2000) n’avoir qu’un seul regret, « ne pas être entré chez les jésuites, comme [mon] ami François Villeroy de Galhau [NDLR : gouverneur de la Banque de France depuis 2015] », tout en se montrant rassurant devant les journalistes de Libération (13 mars 2000) : « Je ne porte quand même pas la croix en bandoulière ! », a notamment parrainé, comme PDG d’Axa, l’Association Pierre Claver (aide aux « réfugiés »), fondée par son ami l’avocat et écrivain François Sureau, personnalité à la fois très proche de François Fillon et d’Emmanuel Macron.

Titulaire d’une licence de droit, Henri de Castries a effectué un stage d’un mois en Chine avec Jean-Louis Borloo pendant ses études à HEC, dont il est sorti en 1976, avant d’intégrer l’ENA en 1978, où il se liera notamment avec Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée (qu’il appelle tous les dimanches), mais aussi Dov Zerah (ancien directeur général de l’Agence française de développement et membre du conseil du Consistoire de Paris Ile-de-France) et Jérôme Bédier (secrétaire général de Carrefour) dont il fera ses témoins lors de son mariage, le 24 mars 1984, avec Anne Millin de Grandmaison (3 enfants), une cousine issue de germain.

Sorti deuxième de l’influente promotion Voltaire, il intègre, sous les ordres de Jean- Marc Espalioux, l’inspection générale des finances, s’imposant rapidement comme une « étoile montante du Trésor » (Le Point, 18 juillet 1998), notamment comme secrétaire général adjoint du Comité interministériel de restructuration industrielle (1984-1985), puis comme chef du bureau Balances des paiements et marchés des changes où il s’affirme comme le maître-d’œuvre de la première vague de privatisations amorcée par Edouard Balladur : « Meilleurs souvenirs de ses années dans la haute fonction publique : les privatisations. Au service de Balladur, un trio de choc : Henri de Castries au Trésor, Jean-Marie Messier et Philippe Jaffré au ministère de l’Economie et des finances. Il y a eu la privatisation de la CGE (devenue Alcatel). Mais la plus drôle c’était TF1, se souvient Henri. Nous avions une nuit pour trouver le moyen d’introduire en Bourse une société qui avait un actif net négatif ! » (Libération).

Quand Jean-Marie Messier lui bloque l’accès au Club des 40, son cercle de « quadras », ce dernier se verra éconduit du cercle de réflexion Jean Bodin, où se retrouvaient alors Patricia Barbizet, Christian Moretti, Jean-François Phélizon, etc., le club qu’Henri de Castries avait fondé en 1991, après son départ de la fonction publique en septembre 1989. Lorsqu’il rejoint Axa, Henri de Castries est un des tout premiers inspecteurs des finances à pantoufler dans le secteur privé, ce que lui avait fermement déconseillé le directeur du Trésor d’alors, Jean-Claude Trichet. Il faut croire que David Dautresme, associé-gérant chez Lazard, mandaté par Claude Bébéar pour débaucher un financier issu de la fonction publique, avait su se montrer convaincant.

Avec un poste à la direction centrale des finances du groupe, Henri de Castries est coopté comme invité au club Le Siècle dès 1991, année où il est nommé secrétaire général responsable des restructurations juridiques et des fusions (intégration des sociétés de La Compagnie du Midi). Propulsé directeur général d’Axa en mars 1993, chargé des investissements et des sociétés financières, il pilote, avec Sylvain Héfès, alors general partner chez Goldman Sachs & Co (connu à HEC), les entrées d’Axa au capital de l’américain Equitable (1992), de l’Australien National Mutual Life Insurance Company (1995), etc. L’absorption, en novembre 1996, de l’Union des assurances de Paris (UAP), le leader français de l’assurance (deux fois plus gros qu’Axa à l’époque), privatisé en 1994, vaudra au « cavalier émérite, adepte des sports extrêmes » (Enjeux, octobre 2001), une mise en examen (36 heures de garde à vue) au côté de Claude Bébéar pour « blanchiment de capitaux aggravé » dans l’affaire Paneurolife, une filiale de l’UAP revendue en novembre 1998 (cf. Marianne, 30 août 2001). L’affaire débouchera sur un non-lieu général.

Cheville ouvrière de l’internationalisation à marche forcée du groupe, Henri de Castries prend en charge la zone Etats-Unis, Royaume-Uni et Benelux en 1994. C’est à cette époque qu’il est opportunément coopté à la French American Foundation par Ezra Suleiman, professeur de science politique à l’Université de Princeton, spécialiste du rôle de l’Etat en France, directeur du programme « Young Leader » (1981-2000), qui finira par intégrer, en 2003, le conseil de surveillance d’Axa. Le 8 novembre 2006, au restaurant Four Seasons de New York, la French American Foundation remettra à celui qui « voit les prairies du Montana plus vertes que celles du Cantal » (L’Expansion, février 2005) un « Benjamin Franklin Award », sa plus haute distinction. Car Henri de Castries, qui passe au moins une semaine par mois aux Etats-Unis, s’est forgé de solides réseaux outre-Atlantique. Citons notamment Robert Zoellick, ancien vice-président de la Federal National Mortgage Association (directement responsable de la crise des subprimes), conseiller aux affaires internationales de la banque Goldman Sachs, puis président de la Banque mondiale, Diane Segalen, fondatrice du cabinet de chasseurs de têtes qui porte son nom, ou encore Guy Yelda (promotion Voltaire), organisateur d’un dîner en son honneur en 2008, alors qu’il était consul général de France à New York. Les attaches américaines d’Henri de Castries, un temps administrateur de l’Institut Aspen France, ont préoccupé les renseignements français après qu’Axa a fait appel à Palantir Technologies, étroitement liée à la communauté du renseignement américain, pour la création, en 2013, de Data Innovation Lab, une base de données ultra-sophistiquée (bigdata).

Membre à part entière du club Le Siècle à partir de 1997, il a poursuivi son ascension au sein d’Axa, prenant la présidence du conseil d’administration d’Equitable (devenu Axa Financial), puis a piloté la fusion de la Royal belge en 1998, du Guardian Royal Exchange en 1999 et, en sous-main, le raid de la BNP sur Paribas et la Société Générale. N’ayant fait qu’une bouchée de Denis Kessler, ce « quadra au sourire de loup » (L’Expansion, novembre 2003) qui a su s’imposer comme le « fils spirituel » de Claude Bébéar, sait, lorsqu’il se rend sur le mont Sinaï pour le passage à l’an 2000, que la nouvelle de sa succession à la tête de ce qui est désormais le numéro 1 mondial de l’assurance sera officialisée quelques semaines plus tard. Son intronisation dans ses fonctions de président du directoire, le 3 mai 2000, entérinera un changement d’échelle et de culture d’entreprise : « Son prédécesseur et mentor Claude Bébéar était le “parrain” du capitalisme français ? Lui sera “global”, résume Challenges (16 janvier 2014). […] Il s’est ainsi forgé la conviction que, depuis le début des années 1990, le monde vit une renaissance. Internet, la chute du Mur de Berlin et la montée des [pays] émergents sonnent comme en écho à l’imprimerie, à la chute de Grenade et à la découverte de l’Amérique. »

Toutefois, deux ans après sa prise de pouvoir, la réalité devait le rattraper : « Que se passe-t-il donc chez Axa, qui fut jusque-là la plus belle success-story française d’après-guerre ? […] Le jeune “boss” a engagé un programme massif de réduction de coûts, pour un montant compris entre 700 millions et 1 milliard d’euros ! Le “gamin” n’y va pas de main morte ! Sans hésiter, il a fait le grand ménage parmi les cadres de direction du groupe, en France comme à l’étranger. […] Les coutumes anglo-saxonnes, Henri de Castries les a facilement intégrées. […] Et chez Axa, tout cadre qui n’a pas conscience d’appartenir à un groupe “global”, implanté aux quatre coins du monde, risque fort d’être remercié. […] Mais les livres de management à l’américaine n’ont peut-être pas tout prévu ! Que faire, par exemple, pour lutter contre le syndrome des dix petits nègres ? Tétanisé par toutes les têtes tombées, chaque cadre se demande s’il ne sera pas le prochain sur la liste » (Le Point, 1er mars 2002). Et ce n’est pas l’immolation par le feu d’un cadre lillois devant le siège parisien d’Axa, en décembre 2003, qui freinera l’ascension d’Henri de Castries au sein des élites mondialistes : invité régulier au Forum économique mondial de Davos, son nom apparaît désormais sur la liste des invités aux sommets du groupe Bilderberg. Soutien financier de Nicolas Sarközy et de Ségolène Royal, il s’affiche, le 6 mai 2007, à la soirée du Fouquet’s, mais refuse cependant d’entrer au gouvernement comme ministre de l’Economie et des finances. Il intègre toutefois un cabinet fantôme (shadow cabinet) mis en place par le gouvernement à la suite de la crise financière de 2008 : « Dans des moments comme ceux-ci, qui sont des moments tendus, il ne faut pas paniquer. Il y a un pilote, il y a des pilotes dans l’avion », déclare-t-il dans la cour de l’Elysée le 30 septembre 2008, non sans avoir vendu, le 26 septembre 2008, pour 638.199 dollars d’actions à 34 dollars de son groupe à la Bourse de New York, avant que le cours ne chute à 23 dollars dans la journée, puis à 15 dollars le 30 septembre.

Administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques depuis 2007, du Musée du Louvre depuis 2008, il apparaît, en 2009, comme le principal initiateur de l’Institut du Bosphore, dont il copréside le conseil scientifique au côté de Kemal Dervis, représentant de l’organisation patronale turque Tüsiad, dans le but d’accélérer le processus d’intégration de la Turquie à l’Union européenne. Il prend dans le même temps la tête du comité mixte d’organisation de la saison de la Turquie en France, une opération de séduction avant qu’Istanbul ne soit la capitale européenne de la culture l’année suivante.

A la faveur d’une modification des statuts d’Axa sur le modèle américain (passage d’une structure conseil de surveillance/directoire à un conseil d’administration), Henri de Castries hérite du titre de « PDG » d’Axa en avril 2010. Signe de son rôle désormais central au sein de l’oligarchie, il peut dès lors se permettre de déléguer sa présence aux contraignants (et insipides) dîners du Siècle, préférant l’intimité et l’art de vivre du Club des Cent où il a été coopté en 2010 par Claude Bébéar et par Guy Wildenstein, avec qui il a parrainé, en 2007, le Club Praxis, « le think tank transatlantique », dont la présidence a été confiée à Yann Coatanlem.

En vue de l’élection présidentielle de 2012, cet « homme de droite qui travaillerait parfaitement avec des sociaux-démocrates à l’allemande » (Challenges, 16 janvier 2014) verse son obole à Répondre à gauche, l’association de financement de François Hollande, son camarade de la promotion Voltaire, tout en ayant déjà jeté son dévolu, pour le prochain « coup », sur François Fillon avec qui il s’est lié, en 1995, lors de la privatisation de France Télécom, alors que ce dernier était ministre des Postes et des Télécommunications du gouvernement Juppé. Visiteur régulier du premier ministre du quinquennat de Nicolas Sarközy, Henri de Castries rejoint François Fillon en Toscane au mois d’août 2011 avant d’organiser, trois mois plus tard, une rencontre hors agenda officiel, à l’hôtel de Matignon, entre son champion et une trentaine de membres du groupe Bilderberg, club dont il prend dans la foulée la présidence du comité de direction (dit « Steering Committee »), le 31 mai 2012, à l’hôtel Westfields Marriott de Chantilly (Virginie). L’année suivante, François Fillon sera l’invité vedette du sommet, ce que relativise toutefois Henri de Castries, qui tient à affirmer son respect pour le pluralisme : « J’y ai emmené Manuel Valls, Laurent Fabius, Alain Juppé, François Fillon, Emmanuel Macron et Christine Lagarde » (Le Monde, 16 décembre 2016).

Dans le même temps, la garde rapprochée de François Fillon se réunit régulièrement, dès 2013, au château de Gâtine à Fougeré (Maine-et-Loire). Cette imposante bâtisse du XVIe siècle qu’Henri de Castries a acquise en 1989 – il a fait redessiner les somptueux jardins par le paysagiste Louis Benech et aménagé l’intérieur de mobiliers et de peintures du XVIIIe siècle (styles Louis XV et Louis XVI confondus), avec le concours d’Hervé Aaron, l’antiquaire de la rue du Faubourg-Saint-Honoré – présente, en outre, l’avantage de se situer à une trentaine de kilomètres du manoir de Beaucé, résidence sarthoise de François Fillon. Sans toutefois apparaître dans l’organigramme et en n’officialisant son soutien à François Fillon que le 16 janvier dernier, Henri de Castries est apparu comme l’acteur majeur de la candidature de celui qui l’avait si chaudement applaudi aux Entretiens de Royaumont en décembre 2012, ayant organisé la promotion de son poulain auprès du gotha, tant au niveau national, comme au début d’octobre 2014, au Pavillon Ledoyen sur les Champs-Elysées, qu’au niveau mondial, comme en septembre 2016, au Links Club de New York, pour une importante levée de fonds.

Signe de sa volonté d’entrer en politique, le « joker de Fillon » (Le Figaro, 8 décembre 2016) s’est récemment mis en congé de la présidence de l’Institut Montaigne où il avait succédé à Claude Bébéar en juillet 2015, et a renoncé, en novembre dernier, à la présidence de HSBC dont il avait rejoint le conseil d’administration le 1er mars 2016, non sans avoir retiré son très corporate pin’s « Axa » qui ornait le revers de son costume depuis plus de 25 ans, après avoir annoncé sa démission de la présidence du leader mondial de l’assurance, deux ans avant la fin de son mandat (il reste toutefois président du conseil d’administration des Mutuelles Axa et conserve un bureau au siège du groupe avenue Matignon). Par la mise à disposition de ses réseaux ultra-puissants, Henri de Castries, qui avait sans doute été le plus précieux soutien de François Fillon, se révèle depuis maintenant deux mois comme son principal handicap. En prenant pleinement la lumière pour la première fois de sa carrière, celui qui au nom d’Axa a signé, en 2015, la charte d’engagement LGBT de L’Autre Cercle, a été considéré, à tort ou à raison, comme à l’origine de la volonté de privatisation de la sécurité sociale, ce qui a été perçu par l’opinion publique comme un conflit d’intérêt flagrant. Et si François Fillon n’a toujours pas effectué la présentation de son gouvernement comme il l’avait annoncé, c’est parce qu’en privé le candidat Les Républicains marque déjà ses distances, laissant entendre qu’Henri de Castries pourrait être le premier déçu du fillonisme.

Faits & Documents
Février 2017

Source : Faits & Documents n° 428, du 1er au 15 février 2017

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