Qui déclarait en avril dernier dans une interview donnée à L’Obs : « Dans mon mandat à la région, je fréquente beaucoup les ministères. À chaque fois que j’y vais, je me dis : si j’étais là, qu’est-ce que je ferais ? » Je vous le donne en mille : c’est Emmanuelle Cosse, qui vient d’être nommée ministre du Logement et de l’Habitat durable. Nous voilà donc rassurés. Au moins, comme ça, elle ne risque pas de faire grand mal. En tout cas, pas plus que sa « copine » de parti Cécile Duflot, qui contribua, non sans succès, à plomber le marché de l’immobilier grâce à son indigeste loi ALUR (Accès au logement et urbanisme rénové).
Emmanuelle Cosse, profession militante gauchiste : Act Up, petite carrière journalistique au journal Têtu et… bien évidemment, la politique à EELV. Rien qui ne l’ait jamais obligée à franchir les limites du boulevard périphérique. Une vraie écolo, en somme, pure saccharine qui ne peut que plaire à l’électorat bobo. Selon la formule consacrée, nul n’était plus qualifié qu’elle pour recevoir le portefeuille du Logement et – j’allais l’oublier – de l’Habitat durable. Même si, soyons honnêtes, elle était en charge de ce domaine lorsqu’elle était vice-présidente à la région Île-de-France de 2010 à 2015.
Au fond, qui a dit qu’il fallait être compétent pour être ministre ? L’enjeu de ce remaniement n’est évidemment pas de donner des Colbert et autres Louvois à la France. Cela se saurait et, du reste, François Hollande en aurait été bien embarrassé. Non, l’un des buts évidents de ce remaniement, notamment avec l’entrée des écolos – trois d’un coup, excusez du peu -, était pour Hollande de poursuivre la dévitalisation ou, si vous préférez, la démolition de la baraque EELV. D’où Emmanuelle Cosse au Logement et à l’Habitat durable, sans doute. Une baraque EELV un peu gênante, comme ces maisons qu’il faut frapper d’alignement si l’on veut tracer une route bien droite : la route de François Hollande vers 2017. Condition nécessaire mais cependant pas suffisante du tout pour en faire une route fleurie…
En tout cas, chapeau à l’artiste François Hollande ! Faire entrer dans le même gouvernement un ardent défenseur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en la personne de Jean-Marc Ayrault qui, à l’heure où j’écris, se trouve sur le quai de la gare de Nantes pour en rejoindre un autre, plus prestigieux et moins populeux, et Emmanuelle Cosse qui dénonçait il y a encore quelques jours la volonté du gouvernement de passer en force sur ce dossier, il fallait le faire, avouez ! Eh bien, il l’a fait.
Qui a mangé son chapeau dans cette affaire ? L’ex-Premier, semble-t-il, mais le Quai, que voulez-vous… En effet, l’ancienne secrétaire nationale d’EELV semble avoir obtenu un référendum local sur ce sujet. « Le périmètre du référendum reste à définir », a cependant déclaré le sénateur écologiste Joël Labbé. L’art de la synthèse de François Hollande qui se dit peut-être in petto : « Cosse toujours, Emmanuelle ! »
Georges Michel – Boulevard Voltaire