Né dans la nuit des temps, l’éventail était par exemple nommé ripis en Grèce. Une feuille de myrte, d’acacia ou de lotus. Les Étrusques et les Romains en faisaient déjà un accessoire de mode féminine. Il arrive en Europe vers le XIVe siècle du Japon et de Chine par les importateurs de la compagnie des Indes. Il se présente alors sous forme de drapeau : un carton rectangulaire sur un manche. Puis apparaîtra l’éventail brisé composé d’une série de petites lamelles retenues en partie haute par un ruban et en partie basse par une rivure. Et enfin l’éventail plié, tel qu’on le connaît aujourd’hui, deux panaches servent de support à une feuille. Ils sont en ivoire, écaille, nacre, os ou bois. Pour la feuille, on emploie de la soie, de la peau ou du papier.
L’éventail s’implante progressivement par la péninsule italienne. D’abord objet de pouvoir, utilisé seulement par les rois, il va progressivement devenir un accessoire de mode. Ce glissement est attribué à Catherine de Médicis, qui emmena d’Italie avec elle les éventails lors de son mariage avec Henri II. Mais il faudra attendre Marie de Médicis et son union avec Henri IV en 1600 pour que la mode s’impose réellement.
Devant le succès, à l’initiative de Colbert, est instituée la corporation des éventaillistes, le 15 février 1678. Étaient éventaillistes ceux qui pliaient et montaient les feuilles, les tabletiers réalisaient les montures dans l’Oise.
C’est pendant cet âge d’or qu’il se répand dans la société. Et la gestuelle permet de distinguer la duchesse de la couturière. En devenant accessoire de mode quasi exclusivement utilisé par les femmes, l’éventail prend une nouvelle dimension. Il s’orne de différents sujets et devient un objet d’art.
Après être tombée en désuétude, la mode de l’éventail fera un retour à partir de 1850 avec l’ouverture à Paris de grandes maisons d’éventaillistes telles que Félix Alexandre, fournisseur des cours, ou Duvelleroy.