La route de Pierre Cassen a croisé celle de David Miège, un attachant dessinateur humoristique.
Riposte Laïque : Peux-tu te présenter rapidement à nos nouveaux lecteurs, qui pourraient ne pas te connaître ?
David Miège : Aixois, c’est donc dans ma ville de naissance que j’ai fait les Beaux-Arts. Je devrais dire subi, tant c’était déjà l’ère des délires gauchistes et de l’art dit contemporain… Après quoi, je suis venu travailler à Paris, débutant ma carrière dans la pub puis nombre de magazines.
Journaliste, dessinateur de presse, illustrateur, peintre. Je publie dans divers journaux, tels Les 4 Vérités, L’homme nouveau, Minute, Contribuables associés… En bref, je publie dans les supports qui ne me “bannissent pas”. Je codirige aussi avec, la pugnace et talentueuse, Isabel Orpy, l’iconoclaste site de réinformation Délit d’images qui se bat, encore et toujours, pour la défense des libertés, la liberté d’expression, la culture, dénonçant la propagande étatique, la novlangue en vigueur, toutes les formes de dictature et censure diversifiées que l’on nous inflige, partout et sans cesse.
Pour la première fois depuis trente ans de carrière, tu t’es retrouvé devant un tribunal. Peux-tu nous expliquer ce qui t’est arrivé ?
David Miège : Effectivement, ce fut une grande première ! Madame Taubira ayant, semble-t-il, un humour à géométrie variable et sens unique. Charb la dessine en singe, c’est drôle, je dessine un singe qui pleure, c’est un outrage, un crime de lèse-Taubira!
En fait, elle m’a fait attaquer via diverses associations, dites anti-racistes, toujours les mêmes… à cause d’un dessin très anodin et absolument pas raciste que, de plus, j’avais fait en réaction aux photos et autres illustrations simiesques, la caricaturant, elle et d’autres… qui traînaient alors sur le web. En fait, madame Taubira et sa police politique voulaient surtout se payer Minute, l’hebdomadaire qui l’avait publié…
La justice ayant mal obéi aux ordres, je fus relaxé en première instance. Outrées, les associations de madame Taubira ont évidemment fait appel. Le dossier demeurant toujours vide et grâce à mon remarquable et très tenace avocat, Jérôme Triomphe, j’ai à nouveau été relaxé en appel. Ne m’ayant pas traîné en Cassation, nous en sommes restés là. Jusqu’à la prochaine fois… car si certains assassinent des dessinateurs, d’autres veulent “tuer” le dessin de presse de droite.
Alors qu’elle me poursuivait encore de son ire, lors des obsèques de Tignous, l’un des dessinateurs massacrés à Charlie Hebdo, madame Taubira a osé déclarer: “On peut tout dessiner, y compris un prophète… Parce qu’en France, dans la France de Voltaire et de l’irrévérence, on a le droit de se moquer des religions, en droit, oui, parce que le droit, c’est la démocratie et la démocratie, c’est le règne du droit, selon le philosophe Alain. » Elle a juste omis d’ajouter : à condition d’être de gauche! Séquence mémorable enregistrée et protégée pour la postérité.
Riposte Laïque : As-tu bénéficié de la solidarité des dessinateurs de gauche ?
David Miège : Ce fut un scoop dont j’aurais fait part à tous, le communiquant à tous les supports de la réinformation. En bref mes confrères de gauche, comme toujours, ont brillé par leur discrétion. Par contre, j’ai été très touché que le doyen des dessinateurs de presse, Pinatel, m’ait soutenu, immédiatement et tout au long de la procédure. Il s’est même déplacé lors de la première audience à la si célèbre XVIIème chambre, qu’il ne connait que trop pour avoir été le dessinateur le plus condamné de la Ve république, surtout sous De Gaulle. Pour moi, cet indéfectible soutien vaut toutes les médailles!
Riposte Laïque : Quelle a été ta réaction à l’assassinat de tes confrères de Charlie Hebdo ?
David Miège : Sidération! Incompréhension… même si je n’étais pas et ne suis toujours pas Charlie, j’ai été très secoué et je fus écoeuré par toute cette récupération politico-clientéliste nauséabonde, ces divers shows morbides et plus que lamentables, à l’instar de la tristissime marche du 11 janvier 2015… Quand on connait la et les suites… dont celles du 13 novembre… l’on peut être effrayé.
Ri7 est poursuivie par Anne Hidalgo pour un dessin jugé injurieux la représentant en train de lécher une babouche musulmane, au lendemain de la soirée ramadan à la mairie de Paris. Le ministre Cazeneuve a également déposé plainte contre un autre dessin de RL, le représentant dans la même posture. Tu dessines pour Minute, qui a été lourdement condamné suite à plusieurs couvertures que la justice a jugées répréhensibles. Valeurs Actuelles a connu le même sort. Comment réagis-tu à ces plaintes ? T’amènent-elles à davantage de prudence quand tu dessines ?
David Miège : Consterné mais nullement surpris. De toutes façons, “l’élite qui nous gouverne” fait feu de tout bois pour museler ceux qui osent s’opposer à eux et ne pas penser la “bien-pensance”! L’opprobe, le mépris, les lois liberticides… nous sommes menacés en permanence. Pire encore, nous sommes épiés et traqués. Ce qui est très surprenant puisqu’il se dit que notre courant de pensée est très minoritaire, sans impact, inaudible…
La liberté d’expression n’est autorisée qu’à la gauche, aux siens et ceux qu’elle soutient, dont Les Républicains, etc. C’est à dire qu’il n’y a plus aucune liberté d’expression et Riposte laïque en sait quelque chose…
Je refuse de m’auto-censurer. Cependant, je ne veux pas entraîner dans ma “chute” éventuelle les courageux responsables des rédactions qui me font confiance.
Riposte Laïque : As-tu des projets particuliers pour 2016 ?
David Miège : J’ai de nombreux projets d’albums mais j’attends de trouver un éditeur fiable et sérieux. C’est déjà du boulot! Probablement, aussi une autre expo… Et puis, nous poursuivons le développement de Délit d’images, petit site qui devient grand, et m’occupe beaucoup.
Propos recueillis par Pierre Cassen
