Valls candidat à la présidence de la République, Cazeneuve Premier ministre : tout indique que l’antichristianisme (disons-le plus net : l’anticatholicisme) favorise les carrières dans la République qui est encore, pour quelques mois, celle de monsieur Hollande.
Pour Cazeneuve, on savait à quoi s’en tenir : « Évoquer les racines chrétiennes de la France, c’est affaire, dit-il, d’une relecture historique frelatée qui a rendu la France peu à peu nauséeuse. » Au titre des travaux pratiques, le ministre de l’Intérieur, qui ces dernières semaines s’est démené comme un beau diable pour convaincre les municipalités réticentes d’accueillir des « migrants » (presque tous musulmans), jugeait l’année précédente « funeste » (apparemment, l’intéressé sait choisir ses adjectifs) la décision des maires de Rouen et de Belfort d’accueillir des chrétiens d’Orient.
En guise de pénitence, le pauvre homme a dû, en service commandé, passer le 15 août dernier à Lourdes, à la fois en raison de la menace terroriste et parce que son chef, en visite au Vatican deux jours après, voulait – campagne électorale oblige – faire un geste en direction des catholiques.
Quant à Valls, on ne saurait oublier comment, alors ministre de l’Intérieur lui aussi, il avait sauvagement réprimé les participants à la Manif pour tous – allant jusqu’à gazer des enfants en poussette. Il fallait bien qu’il montre, face à des manifestants qui ne se défendraient pas, sa virilité républicaine, lui qui, en tant d’autres circonstances, se refusa à interpeller les coupables de graves désordres (par exemple sur la place du Trocadéro, le 13 mai 2013). Croyant, comme il arrive, à sa propre propagande selon laquelle ceux qui s’opposaient au mariage homosexuel étaient des ennemis de la République (alors qu’on pourrait aisément démontrer le contraire : la loi Taubira étant fondée sur une théorie fausse, la théorie du genre est antirépublicaine), il rafla et ficha sans vergogne des centaines de jeunes qui n’avaient rien fait de mal, mais dont tout laissait penser qu’ils étaient en majorité catholiques. Il fallait bien que ses coups de menton se dirigeassent contre quelqu’un. Faute que Robespierre et la guillotine soient à l’ordre du jour, le petit Premier ministre avait trouvé un terrain pour se faire son cinéma. En attendant la vague terroriste, du sérieux cette fois pour ce qui est de menacer la République, mais qui l’a vu, il faut bien le dire, moins flambant.
Les anticathos enragés n’ont pas tous connu de pareilles promotions : Vincent Peillon, pour qui « on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique », est, lui, sur la touche.
Il avait sans doute poussé trop loin l’esprit de système.
Il reste que ces promotions nous rappellent ce que fut la réalité du quinquennat de Hollande, cet homme apparemment placide et non sectaire. Elles nous rappellent, surtout, ce qu’est devenu, en France et dans le monde, le socialisme de basse époque ; oubliée la justice sociale : c’est dans l’impuissance qu’il laisse monter le chômage, qu’il fait des économies sur la famille et, donc, sur les enfants, qu’il met en accusation le vrai peuple sur le grief de « populisme ». C’est l’idéologie qui a pris la place du social dans tous les domaines : justice, éducation, gestion des territoires (voir Christophe Guilluy), (non-)politique industrielle, sur fond de mépris des « sans-dents ».
Contrairement à ce que certains croient (aussi bien Peillon que beaucoup de catholiques), ce n’est pas à un retour à l’anticléricalisme de la IIIe République que l’on assiste. Un anticléricalisme qui s’était bien apaisé : souvenons-nous que Léon Blum fut le premier chef de gouvernement français à se rendre à la nonciature. Les anticléricaux de la Troisième pensaient, à tort ou à raison, face à une Église pas toujours éclairée, défendre les droits de la raison. Aujourd’hui, c’est le contraire : les idéologies de toute sorte qui dénaturent la gauche conduisent à la déraison. Or, face aux idéologies, l’Église catholique a défendu, tout au long du XXe siècle où elles ont tant sévi, la nature et la raison. On ne le lui pardonne pas.