Chouette, un livre!

Par Isabel Orpy

Et si l’on offrait des livres aux enfants de notre famille ou entourage ? Ils ne lisent plus… Pourtant, le chiffre d’affaires de l’édition jeunesse est en hausse de + 4,3 %, avec plus de 357 millions d’€, et 87 millions d’exemplaires vendus en 2014. En fait, si les filles (87%) lisent plus que les garçons (70%),. 82% des 7-15 ans lisent au moins une fois par semaine : 71% un livre, 52% une BD ou un manga, 47% un magazine ou un journal. 78% des 7-15 ans aiment lire, 38% adorent, seulement 3% détestent.

Les enfants préfèrent lire le soir  (66%), plutôt que de consacrer ces derniers instants à la TV (60%), avec un bémol : une rupture à partir de 12 ans…

Parents ou grands parents, il est vrai que parfois, l’on se sent un peu démuni devant le maquis de l’offre des librairies et les conseils plus moins hétéroclites des libraires…  C’est pourquoi Délit d’images a trouvé pour vous conseiller un  blog fiable, très bien fait, Chouette, un livre!, et qui porte bien son nom tant avec lui, les bouquins, c’est chouette!

Aux commandes depuis cinq ans, Anne-Laure Blanc, connue, entre autres, pour être l’auteur d’Une bibliothèque idéale – Que lire de 5 à 11 ans ?*, un excellent guide qui va à l’essentiel de la littérature jeunesse classique.

 Riche de plus de 1000 entrées, Chouette, un livre! recense aussi les parutions les plus récentes, pour les 18 mois-15 ans. Ses rubriques font le tour de l’offre: grands auteurs, artistes en herbe, contes, légendes et féeries, Antiquité, Moyen Age, pour rire, avec mes dix doigts, aventures et découvertes, bandes dessinées, animaux… pour tous les goût, dans tous les styles!

Et pour en savoir plus encore, Délit d’images a interrogé Anne-Laure Blanc dite Madame la chouette.

“Au-delà des données quantitatives, il faut se poser la question de la qualité et des valeurs transmises par la lecture. Un bon livre est d’abord écrit dans une belle langue. La richesse du vocabulaire et la qualité de la syntaxe sont essentiels, il respecte les repères traditionnels de la société et les valeurs; il vise à éveiller la conscience à des aspirations élevées.

Un beau livre est illustré avec goût… même si cette notion est éminemment subjective. Un livre lumineux propose à l’enfant des mondes imaginaires optimistes. C’est un livre qui forme son esprit,  sa sensibilité et qui « forge » le caractère.

L’édition pour la jeunesse a toujours reflété l’air du temps, donc les conformismes ambiants. Le vrai problème, c’est peut-être qu’on a changé de conformisme ! Les éditeurs aiment beaucoup les conformismes, c’est du chiffre d’affaires !

Je privilégie notamment les contes, les récits mythologiques et la littérature. Il existe encore bon nombre de livres à la fois vrais, simples et beaux. Les contes traditionnels – Perrault, Grimm, Andersen – sont une mine inépuisable, à condition de choisir les textes originaux non édulcorés et de belles éditions. Ces récits montrent que, dans un monde parfois injuste, les petits héros s’en sortent grâce à leur ténacité, leur énergie et leur sagesse – sans oublier, parfois, leur malice !

Autre domaine plébiscité par les jeunes lecteurs : les récits mythologiques. Il en existe de nombreuses adaptations, notamment, pour le monde grec, par Françoise Rachmuhl, Muriel Szac ou Annie Collognat. Cela montre bien que nos enfants ont besoin de vrais « héros », qu’ils les trouvent dans les récits antiques ou dans l’Histoire de France : Pénélope, Antigone, Jeanne d’Arc pour les unes, Ulysse, Alexandre, Roland ou Bayard pour les autres.

Heureusement, les grandes maisons d’édition ont à cœur non seulement de conserver à leur catalogue les œuvres du patrimoine, mais aussi d’en confier l’illustration à des artistes de renom. Ainsi, les « Contes bleus du chat perché » de Marcel Aymé sont illustrés par Nathalie Parain (Gallimard, réédition 2013), « Les Contes de la rue Broca » de Pierre Gripari (Grasset), par son complice Claude Lapointe. Pour les plus jeunes, les albums du Père Castor ont un fonds très classique de contes qui se transmettent de génération en génération, de « La petite poule rousse » à « Marlaguette ». Certains textes classiques, un peu longs, ont été adaptés avec intelligence : ainsi, des « Trois Mousquetaires », chez Sarbacane, ou d’« Ivanhoé », chez Fleurus.

Point d’originalité dans tout cela, me direz-vous. Mais pourquoi faut-il absolument être « original » quand nous savons que les enfants n’aiment rien mieux que de lire et relire, ou s’entendre lire des histoires déjà connues ?

A côté de ces grands classiques, il y a les auteurs contemporains plébiscités par les jeunes lecteurs, de très bons auteurs contemporains francophones. tels Philippe Arrou-Vignod, Timothée de Fombelle, Erik L’Homme ou Flore Vesco pour les romans d’aventure, Catherine de Lasa, Gwenaële Barussaud ou Sophie Humann pour les romans historiques.

Et dès lors que la traduction est correcte, pourquoi se priver de découvrir des auteurs anglophones (Kipling, Stevenson, Conan Doyle ou Walter Scott), mais aussi tchèques, japonais ou coréens – ces derniers excellant dans les albums pour les plus jeunes.”

Et quand vous saurez que Chouette, un livre! a même une rubrique dédiée aux adultes et une rubrique sorties et expos pour distraire les plus jeunes, vous l’adopterez vous aussi!

*‘Une bibliothèque idéale – Que lire de 5 à 11 ans ?* (Fondation pour l’école et TerraMare)

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