Cadavres “exquis”!

 

Il n’y a certes pas de guerres sans morts, mais certaines victoires ou défaites – selon le point de vue d’où l’on se place – peuvent se révéler plus mortifères que d’autres. Ainsi, ce premier tour des élections régionales aura laissé un assez étonnant paquet de cadavres sur le champ de bataille.

Revue de détail.

• Les zintellectuels, BHL au premier chef, qui assure dans Le Parisien de ce lundi que « le FN n’est pas républicain ». Et en profite au passage pour cracher sur les électeurs lepénistes. Mépris de classe, mépris de l’hyper-classe mondialisée. Ça ne marche plus. D’ailleurs, le populo, il lit Zemmour et/ou Onfray. Et quand Dieudonné emplit des Zénith, BHL, lui, vide les salles de théâtre où des acteurs approximatifs tentent de jouer ses pièces, lesquelles ne le sont pas moins.

• La presse locale, façon Claude Chabrol (version gentille) ou Jean-Pierre Mocky (version moins gentille), ramassis de notables véreux, de francs-maçons soignant leur prostate, d’annonceurs de grande distribution, de pharmaciens partouzeurs ou de notaires mis en examen. Le Midi libre est parti en croisade contre Robert Ménard à Béziers avec le succès qu’on sait. La Voix du Nord a voulu faire pareil avec le Front national dans la région Nord-Pas-de-Calais. Résultat, la seule voix du Nord, c’est désormais Marine Le Pen.

• La gauche morale. Manuel Valls persiste à vouloir refaire la Guerre d’Espagne et invente au passage un nouveau concept politico-militaire : la désertion qui se veut résistance. Il y a des cons qui se font sauter aux abords du Stade de France ; d’autres ahuris, légèrement rachitiques de l’encéphale, préfèrent activer leur ceinture d’explosifs entre les deux tours d’une élection pourtant cruciale. Un sans faute. Quand Anne Gravoin, l’épouse du Premier ministre, en sera réduite à jouer du violoncelle sur le trottoir, entre deux matelas squattés, l’un par des Roumains et l’autre par des Bulgares, Manuel Valls pourra au moins tendre le chapeau, en espérant pour lui qu’il ne l’ait pas mangé auparavant.

• La droite donnée pour être de « gouvernement ». Entre chant du cygne et crépuscule des vieux. Les seuls qui sauvent ce qui leur reste d’honneur sont peu ou prou des “dissidents”. Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse ne sont pas spécialement des sarkozystes de stricte observance et ont depuis longtemps pris leurs distance avec cet ancien Président qui n’en finit plus de potasser « La droite expliquée aux nuls », écrite par son ancien gourou, Patrick Buisson.

• La droite de l’entre-deux ? Soit ce Triangle des Bermudes électoral, se situant entre la gauche de la droite et la droite de la gauche, où ont disparu, sans jamais laisser d’adresse des Charles Millon, des Charles Pasqua, des Philippe de Villiers ; en attendant des Nicolas Dupont-Aignan dont le slogan « ni système ni extrêmes » peut paraître pour le moins obscur, se signale ce lundi par une consigne de vote consistant à n’en pas donner. Dans le genre engagement, on a déjà connu plus gaullien…

Contre cette étrange et inédite coalition, évoquons plutôt ce mot de Sacha Guitry. Au maître, qui avait émis quelques doutes quant à une pièce de théâtre, un ami lui dit : « Vous avez sévèrement critiqué ce spectacle, mais le public, lui, a adoré. » Réponse de Sacha Guitry : « Le public a adoré ? Il est bien le seul ! »

Aujourd’hui, le Front national en est là. Les élites auto-proclamées le vouent aux gémonies ? Une large partie du peuple de France le veut au pouvoir. Là encore, notre peuple est bien seul. Mais peut-être mieux entouré que ces “élites” faisant mine de le gouverner.

Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire

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