Les profiteurs de la diversité : « La diversité, on a (presque) tous à y gagner ! »

♦ « Ce faisant, elle [la presse] ne peut que contribuer à décrédibiliser un peu plus la classe politique, déjà bien affectée, toutes tendances confondues, par les “affaires” en tout genre où des politiques pas très regardants profitent d’un argent pas très bien gagné. »

Depuis quelques années, les administrations et les grandes entreprises publiques ou privées sont sommées d’inscrire leur gestion des ressources humaines dans le cadre d’une campagne qui les invite à refuser les stéréotypes de tous ordres, reflétant ainsi l’omniprésente influence du lobby des droits de l’homme et de l’antiracisme. Le slogan-phare en est « La diversité, on a tous à y gagner ! ». L’on ne sait si le caractère savoureux de cette expression, prise au second degré, est à mettre au compte de l’inconscience ou de la malice de ses inventeurs. Toujours est-il que, si nous avons du mal à nous persuader des bienfaits pour tous de la diversité au sens où l’entendent ses promoteurs, il est beaucoup plus aisé de se rendre compte que certains en ont bien, littéralement, « tiré profit ». Une fois n’est pas coutume, c’est à notre tour d’invoquer le « devoir de mémoire ».

« Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »

Faouzi Lamdaoui, qui occupait auprès de François Hollande le poste de « conseiller pour les questions d’égalité et de diversité », ce qui constitue en soi tout un programme, a été contraint de démissionner le 3 décembre 2014. L’intéressé venait d’être cité à comparaître dans le cadre d’une enquête préliminaire pour d’éventuels « recel d’abus de biens sociaux » et « fraude fiscale ».

Selon Le Monde, « Les magistrats et les policiers estiment que ce compagnon de route historique de François Hollande, chef de son cabinet pendant sa campagne présidentielle, a été “le gérant de fait” d’Alpha Distributions et d’Alpha (devenue Cronoservice), deux SARL inscrites dans la même société de domiciliation parisienne. La première – dont M. Lamdaoui était directeur logistique – a été liquidée en juin 2010 et radiée du Registre du commerce en mars 2012. La seconde, spécialisée dans la sous-traitance de laboratoires photo, a cessé ses activités en juin 2012 et a été radiée en mars 2014 ».

A l’issue d’une perquisition, les enquêteurs se sont interrogés sur les « rémunérations élevées » perçues par Faouzi Lamdaoui et sur une possible dissimulation de ces sommes au fisc. En 2010 déjà, Alpha Distributions avait été épinglée par la Commission des infractions fiscales pour « dissimulation de recettes imposables ».

Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes préliminaires, en mai 2012, à la suite des plaintes déposées par Mohamed Belaïd, un ex-militant PS d’Argenteuil (Val-d’Oise) et ancien chauffeur de Hollande. La première, qui visait François Hollande et Faouzi Lamdaoui pour « travail dissimulé », « menaces et intimidations », a été classée sans suite, le 29 novembre 2013. Mais la seconde, ouverte pour « faux et usage de faux » devrait donner lieu à l’audition prochaine du conseiller à l’égalité et à la diversité. M. Belaïd estime en effet que Faouzi Lamdaoui a, pour créer la société Alpha, usurpé l’identité de son épouse. « Les investigations, confiées dans un premier temps à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, ne l’ont pas démontré. Mais des questions ont vu le jour sur l’utilisation des fonds de l’entreprise », précise de son côté L’Express.

Cette affaire constitue le dernier épisode – et sans doute pas le dernier – du long feuilleton des démêlés judiciaires impliquant les représentants tant médiatisés de la « pote-génération », et en particulier les pères-fondateurs et les dirigeants successifs de SOS Racisme. En voici, brièvement résumés, les épisodes précédents :

Julien Dray, qui fut avec Harlem Désir l’un des inspirateurs et fondateurs de SOS Racisme, dont il fut vice-président de 1984 à 1988, est mis en cause en 2009 dans une enquête préliminaire pour l’achat d’une montre d’une valeur de 250.000 francs (38.000 euros), dont 150.000 francs payés en liquide. L’affaire est finalement classée sans suite.
Il a en outre fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte le 10 décembre 2008 par le parquet de Paris pour abus de confiance à la suite d’un signalement de TRACFIN, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances, portant sur des mouvements de fonds suspects à partir de comptes de l’association « Les Parrains de SOS Racisme» et de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl) depuis janvier 2006. Les enquêteurs soupçonnaient Julien Dray d’avoir bénéficié d’une partie de ces sommes, évaluées au total à 351.027 euros.
Selon le journal Le Monde du 16 décembre 2009, Julien Dray a fait l’objet d’un rappel à la loi (voie alternative aux poursuites) portant sur une somme de sept mille euros, sans références avec les sommes publiées par certains journaux sur sa collection de montres de luxe. Par arrangement, Julien Dray n’a pas été renvoyé devant le tribunal correctionnel. Le procureur de Paris a estimé que les investigations n’avaient pas mis « en évidence un train de vie personnel dispendieux de la part de Julien Dray » tout en reconnaissant cependant un abus de confiance après l’achat, pour 7000 euros, de l’une de ces montres de valeur que Dray collectionne, avec un chèque de l’association «10e circonscription » de l’Essonne.
Harlem Désir fut l’emblématique président de SOS Racisme sans interruption de 1984 à 1992. De novembre 1986 à octobre 1987, il était concomitamment salarié par l’ « Association régionale pour la formation et l’éducation des migrants », basée à Lille, en tant que « formateur permanent » et il percevait pour cet emploi fictif un salaire mensuel net de 8.900 francs. Cela lui a valu d’être condamné, le 17 décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. Harlem Désir aurait également bénéficié d’une amnistie de François Mitterrand concernant une dette de 80.000 francs au Trésor public, relative à des amendes de stationnement (décision de justice du 9 mai 1992) alors qu’il était président de SOS Racisme.
Fodé Sylla a succédé à Harlem Désir à la présidence de SOS Racisme de 1992 à 1999. Son nom est évoqué en 1998 lorsqu’éclate l’Affaire de la MNEF. Alors dirigeant de SOS Racisme, il est salarié par la MUL (filiale de la MNEF) en tant que « chargé du développement vers les jeunes en insertion». La justice préférera finalement ne mettre en cause que les personnes morales (dont SOS Racisme) et non pas les bénéficiaires directs de ces salaires fictifs.
Fodé Sylla a par ailleurs été interpellé début juin 2005 pour une affaire de stupéfiants, puis mis en examen avant d’être rapidement relaxé. La procédure a été annulée le 25 janvier 2007 en raison d’une écoute irrégulière.
Le président suivant (de 1999 à 2003), Malek Boutih (*), ardent propagateur de la « République métissée », n’a pas eu maille à partir avec la justice, si ce n’est une condamnation en septembre 2006 à 1000 euros d’amende et 1 euro de dommages et intérêts par le Tribunal correctionnel de Paris pour diffamation envers… le MRAP. Il avait en effet déclaré en 2003 « qu’il y avait plusieurs formes d’antiracisme en France, notamment celui du MRAP qui défile aux cris de “Mort aux juifs !” ».
Dominique Sopo, qui a pris la suite de Malek Boutih de 2009 à 2012, puis a été réélu président en juin 2014, a lui aussi été relativement épargné jusqu’à maintenant par les « affaires ». Mais il a été pendant longtemps l’assistant parlementaire de Julien Dray et a fait l’objet en 2009, avec 6 autres membres de SOS Racisme, d’un rappel à la loi lors de l’enquête sur le train de vie de celui-ci.
Avant-dernière étape du Chemin de croix des représentants de la diversité au pouvoir : la démission, le 21 novembre 2014, de Kader Arif, ministre délégué, puis secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la mémoire dans les gouvernements Ayrault et Valls. M. Arif avait été député européen de 2004 à 2012, puis élu député de Haute-Garonne en 2012 dans une circonscription créée. Il porte moins l’empreinte de SOS Racisme que les personnalités citées précédemment, mais il ne fait aucun doute que son entrée au gouvernement a été en bonne partie guidée par ses origines.
La raison de sa démission : l’ouverture d’une enquête préliminaire sur des marchés publics attribués à certains de ses proches, affaire que le Nouvel Observateur baptisera de « petite Bygmalion du PS de Haute-Garonne ».

Dans ce cas, comme dans celui de Faouzi Lamdaoui, la présomption d’innocence doit, bien entendu, prévaloir. Mais l’on ne pourra pas empêcher Monsieur Tout le monde de penser que pour conduire à des démissions aussi précipitées, des indices préliminaires inquiétants sont bien établis et qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu ».

Au-delà de l’événementiel, l’impression qui se dégage de ce rapide passage en revue est que le monde de la diversité est comparable à celui décrit par La Fontaine dans la fable « Les animaux malades de la peste », ce monde où « ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ». Comment en est-on arrivé là ?

Dans le milieu de la diversité, « Bien mal acquis profite souvent »

La création, au milieu des années 1980, de SOS Racisme et l’émergence de la « pote-génération » ont ouvert un boulevard, d’une part, à des militants déjà confirmés qui souvent avaient fait leurs premières armes dans les mouvements trotskystes, dont Julien Dray est l’incarnation la plus médiatique, d’autre part, et surtout, à des éléments plus jeunes, issus eux-mêmes de la diversité, et souvent plus formés à l’animation des bandes qu’à l’idéologie, qui ont rapidement compris les avantages matériels qu’ils pourraient tirer en surfant sur la vague de la petite main jaune et du slogan « Touche pas à mon pote ! ». Pour faire bref, on peut dire que la diversité a été un créneau porteur pour tous les margoulins en puissance.

Pourquoi, dans ce milieu où la frontière entre petite délinquance et action sociale n’est pas toujours facile à discerner, ces « militants de base » se sentiraient-ils coupables, alors que les dirigeants historiques donnaient le mauvais exemple, et surtout bénéficiaient d’une impunité quasi totale, comme en témoignent les amnisties, non-lieux, rappels à la loi et autres condamnations symboliques énumérés plus haut. Les « traversées du désert » ont été rares et en tout cas très brèves. Il n’est donc pas étonnant que les jeunes ayant accédé à des postes de plus grande responsabilité aient repris les mauvaises habitudes de leurs grands anciens.

Pourquoi ces jeunes des banlieues auraient-ils résisté aux tentations, alors qu’on leur offrait sur un plateau des structures associatives qui les encensaient, les présentant comme les modèles de la société de demain, avec le soutien sans faille des pouvoirs publics, soutien matériel compris ? On rappellera à cet égard que malgré toutes les critiques qui ont été émises à son encontre, et les scandales qui l’ont périodiquement agitée, SOS Racisme reste dans le peloton de tête des associations les plus subventionnées. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour supputer qu’une partie de cet argent si généreusement distribué par l’Etat, les collectivités locales et les grandes entreprises pour acheter la paix civile dans les cités échoue dans d’autres poches que celles auxquelles il est destiné selon l’objet social de SOS Racisme.

L’expérience nous ayant appris à être prudents, on peut craindre que les démissions de Kader Arif et de Faouzi Lamdaoui soient vite oubliées, parce que le temps de la justice est un temps long, et parce qu’à l’inverse l’étouffoir politico-médiatique est prompt à fonctionner dès qu’il s’agit de défendre ses « protégés ».

Pourtant, le cas Lamdaoui montre à quel point les marges de manœuvre du complexe médiatico-politique se réduisent : aujourd’hui, toute la presse, y compris la presse de gauche, résonne de « cette nouvelle affaire qui inquiète l’Elysée », parce qu’elle n’est pas en position de soutenir un personnage dont le caractère passablement trouble est porté sur la place publique. Ce faisant, elle ne peut que contribuer à décrédibiliser un peu plus la classe politique, déjà bien affectée, toutes tendances confondues, par les « affaires » en tout genre où des politiques pas très regardants profitent d’un argent pas très bien gagné.

La multiplication des « affaires » dans la sphère « diversitaire » ne peut que nous emplir d’aise, car elle montre le grand écart qui existe entre la rhétorique moralisatrice en usage dans ce milieu et les actes de ses membres. A ce titre, nous sommes dans notre rôle en le mettant en exergue. Nous le sommes aussi en relevant que, paradoxalement, la « diversité » dont ILS nous parlent est au service de la grande « uniformisation », du métissage et du cosmopolitisme, alors que celle dont NOUS parlons est, au contraire, source de richesse par le maintien des identités et des traditions.

Mais il nous revient aussi de nous placer à un point de vue plus panoramique, et de dénoncer la déliquescence générale de la fonction souveraine, contaminée par l’esprit mercantile et l’avidité. Dans cette perspective, SOS Racisme et d’autres associations de sa mouvance ne sont qu’une cible parmi d’autres, et tout porte à croire que leur perte de crédibilité se poursuivra dans un avenir rapproché, moins sous la pression des affaires que du fait de « l’achèvement des cycles » dont Jean-Yves Le Gallou faisait état lors de la 7e Journée de réinformation de Polémia.

(*) Pour ceux qui n’auraient pas été convaincus par les 24 raisons de ne jamais voter Sarkozy , dont celle ayant trait à la politique en faveur du métissage (vidéo), il n’est pas inutile de rappeler que Nicolas Sarkozy avait proposé à Malek Boutih d’entrer au gouvernement au début de son quinquennat. M. Boutih avait refusé, mais l’expression répétée du « respect » qu’il témoigne à l’ancien président lui a valu de nombreuses critiques au sein du PS, où certains le considèrent comme un « boulet ».

Source : Notices Wikipédia des personnalités citées.

Lu sur Polémia

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