Le 26 octobre, un patient agressif amené par la police avait déjà tenté d’étrangler un interne du CHU de Nice, sauvé de justesse alors qu’il perdait connaissance. Avant-hier, dans cette même ville, trois « individus » (terme désormais utilisé pour ne surtout froisser personne) ont tendu un guet-apens à une praticienne de SOS Médecins de 37 ans qui sortait de chez un patient pour lui voler sac et bijoux. Bilan : deux côtes fêlées, entorse du genou ainsi que quelques égratignures aux mains.
Si un tel fait divers est aujourd’hui d’une grande banalité, l’article de Nice-Matin qui le rapporte mérite quelques compléments.
On peut d’abord penser qu’outre les billets et bijoux, c’est l’ordonnancier de cette consœur qui était visé par les truands : les ordonnances vierges se revendent feuille par feuille, comme la coke gramme par gramme.
Ensuite, si c’est SOS Médecins qui intervenait dans la peu riante cité des Moulins, c’est très probablement parce que les médecins installés participant au système de garde y avaient déjà appliqué leur droit de retrait en raison de faits similaires.
Aujourd’hui, la patronne de SOS Médecins du département annonce l’arrêt de ses interventions temporairement aux Moulins « en attendant d’avoir rencontré les services du préfet et de la police nationale, et des dispositions pour sécuriser l’intervention de nos médecins ».
Mais, de fait, il y a déjà cinq ans que, devant la multiplication des vols au cabinet, des agressions verbales et physiques de médecins, chaque conseil départemental de l’ordre a désigné un de ses élus « référent-sécurité », chargé d’être l’intermédiaire entre ses confrères et les autorités locales : préfecture, patron de la gendarmerie, directeur de la sécurité publique pour la police.
À ce poste, j’ai pu apprécier toute la disponibilité et la bonne volonté des forces de sécurité qui, hélas, ne font que ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles ont, à savoir assez peu. Mais beaucoup de confrères installés dans des territoires perdus et glauques de la République ont néanmoins pu bénéficier de conseils préventifs adaptés à chaque cabinet, après examen in situ par un policier ou un gendarme. Il suffit, en effet, parfois de modifications légères des lieux ou de dispositifs techniques pas trop onéreux (éclairage, bouton d’alarme, télésurveillance) pour décourager (peut-être…) des malandrins en repérage.
Chez les dames de la préfecture, en revanche, on sent surtout une profonde culture du « pas de vagues » et l’imprégnation des valeurs féminines de douceur, de bienveillance et de vivre ensemble, si bien mise en évidence par Zemmour à tous les niveaux de la société.
On ressort donc de sous les ors de la République avec des assurances qui, comme disait Philippe Bouvard, vous apportent le même réconfort qu’un manuel de secourisme à un guillotiné…
Richard Hanlet -Boulevard Voltaire