Depuis plusieurs décennies, la France soutient activement les emplois de services à la personne. Aujourd’hui, le secteur compte 1,2 million de salariés, représentant plus de 5 % des effectifs totaux. Malgré ce succès apparent, cette stratégie n’est ni efficace ni juste. Elle crée un faible nombre d’emplois en comparaison de leur coût public. Précaires et mal rémunérés, ces emplois ” bas de gamme ” contribuent à la polarisation de notre société, ainsi qu’à l’augmentation des inégalités ethniques et de genre. En outre, l’État subventionne des services de confort pour les plus aisés, au détriment des services publics ouverts à tous. C’est ainsi qu’on en revient à une société de domestiques, comme au xixe siècle, avec de ” nouveaux pauvres ” au service de ” nouveaux riches “. Heureusement, plusieurs pistes existent pour sortir de ce contre-modèle.
Clément Carbonnier est maître de conférences en économie à l’université de Cergy-Pontoise (THEMA).
Nathalie Morel est assistant professor en sciences politiques à Sciences Po (CEE, LIEPP).