Il y eut une époque où les journalistes télé, radio, presse, quasiment tous de gauche, passaient en rangs serrés à la politique : Dominique Baudis, Noël Mamère, Patricia Brancone, Cavada, Claude Sérillon, Olivier Minne, Pierre Rancé, Hélène Fontanaud, etc.
On assiste aujourd’hui à un mouvement inverse. A savoir des politiciens ayant occupé de hautes fonctions mais devenus has been qui se reconvertissent comme animateurs à la télé ou à la radio. Emblématique de ce tropisme, l’ex-ministre Roselyne Bachelot qui, après avoir joué les fofolles délurées (à son âge, c’est limite) avec des bimbos people sur telle ou telle chaîne, a repris le créneau horaire de Brigitte Lahaie (remerciée comme une malpropre) sur RMC où elle dispense sa courte science.
A 69 ans, la grosse dame aux Crocs roses (il s’agit d’une marque de sabots, pas de sa denture) se vautre dans le politiquement correct et, comme elle a (un peu) maigri paraît-il, multipliant streching, cardio, abdos fessiers, elle a publié un livre à la Rika Zaraï, Bien dans mon âge (Flammarion).
Son exemple a peut-être inspiré un des personnages les plus catastrophiques de la Ve République, Jean-Louis Debré (fils de Michel Debré, ce qu’on lui accordera comme circonstances atténuantes). Ainsi vient-il d’entamer, sur Paris Première, une carrière d’animateur dans la nouvelle émission de la chaîne, « Conseil d’indiscipline ». Indiscipline pour un gus qui a toujours avancé le petit doigt sur la couture du falzar, ça fait un peu rigoler… Ancien président du Conseil constitutionnel et de l’Assemblée nationale, ex-juge d’instruction, ex-ministre de l’Intérieur, il veut faire preuve, dit-il, « d’impertinence » aux côtés de « l’humoriste » de gauche Anne Roumanoff et de quelques autres histrions du même calibre. A 72 ans passés, on demande à voir…
Il explique, tout émoustillé : « Il faut créer une alchimie, être sérieux et drôle à la fois, sans que l’humour tue le sérieux. » Qu’il se rassure : ce n’est pas son humour qui risque de tuer quoi que ce soit… Il précise encore : « J’ai quitté la politique parce que j’en avais fait le tour. J’y ai occupé toutes les fonctions imaginables et je pense qu’il faut toujours quitter sa fonction avant qu’elle vous quitte. Il faut suivre ses passions et ma passion, aujourd’hui, c’est de faire une émission comme ça. Penser qu’à mon âge, apprendre, découvrir, entraîner par mon énergie (sic) tous ceux qui sont blasés, sceptiques ou découragés, c’est un immense plaisir et un vrai moteur. »
Il n’y a décidément pas d’âge pour cabotiner. Le problème, c’est que Debré, drôle comme un croque-mort, plombe l’émission. Dans ce « Conseil d’indiscipline », le rôle d’animateur va à ce Debré bien au-dessous de zéro comme un tablier à une vache. Comme si on confiait à des bonnets de nuit comme Bayrou, Fillon ou Raffarin une émission de variétés légères.
Alain Sanders – Présent