Il était une fois Alma, la femme la plus aimée du monde… C’est Léo, son amoureux polonais, qui le dit. Et qui lui a promis de la faire rire toute sa vie. Mais la guerre les a séparés et Alma est partie vivre à New York. Elle rêve de connaître l’amour, le véritable amour. Léo, devenu un vieux monsieur ronchon et espiègle, habite Chinatown. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma. Et pourtant…
Tiré d’un roman américain
Ce film, c’est avant tout l’histoire d’un grand amour. Titrer L’histoire de l’Amour peut paraître un peu pompeux ou prétentieux mais le film est tiré du roman éponyme de la romancière américaine Nicole Krauss (2005), déjà construit comme un puzzle. Radu Mihaileanu, qui a lu et évidemment apprécié le livre il y a quelques années, a essayé de rendre ce livre à la narration complexe « accessible à une écriture cinématographique sans briser son identité et sa force. »
L’histoire de l’Amour est donc un film tiré d’un livre du même nom dans lequel il est question d’un autre livre intitulé L’histoire de l’Amour écrit par un certain Zvi Litvinoff… Vous suivez ? Certes, cette mise en abîme demande un peu d’effort cérébral mais fait passer un moment hors du temps. Le film parle aussi du laborieux travail d’écriture, puisque Léo est un auteur à qui on a volé l’œuvre de sa vie et, avec, le succès qui en a découlé. De plus, la mère de la jeune Alma est la traductrice de ce livre à la fois maudit et béni…
Une fois qu’on a commencé à emboîter les pièces de ce puzzle, avec des histoires qui s’entrecroisent à des époques différentes, on se plaît à reconnaître les personnages jeunes et âgés et à naviguer d’une décennie à l’autre, du village polonais d’avant-guerre au New York de 1946, 1957, 1995, 2006, puis enfin au Chili. D’autant que le son et l’image évoluent eux aussi au fil du temps…
On pleure et on rit !
Il y a aussi beaucoup d’humour dans cette histoire d’amour, grâce au tandem Léo et Bruno (Elliott Gould), l’ami de toujours, pas si imaginaire, ou encore au jeune frère d’Alma, Bird, qui se prend pour un « Lamed Vovnik », un sage qui porte la terre sur ses épaules. Le réalisateur confie qu’il ne pouvait pas traiter autrement cette histoire qu’avec beaucoup d’humour : « L’humour est ma soupape de survie : il fait partie de notre identité, de nos traditions juives, familiales, c’est une arme contre la dictature et il a adouci mon destin d’immigré. En Roumanie, on a survécu à la folie grâce à l’humour. On le retrouve partout dans l’identité juive. »