“C’est avec une profonde tristesse que nous faisons part du décès du poète, compositeur et artiste légendaire Leonard Cohen”, a écrit jeudi son agent sur la page Facebook du musicien. Nous avons perdu l’un des visionnaires les plus prolifiques et respectés du monde de la musique”, poursuit le communiqué. Une cérémonie sera organisée aux Etats-Unis, à Los Angeles où il vivait, “à une date ultérieure”.(…)
Denis Coderre, le maire de Montréal, ville natale de Leonard Cohen, a annoncé la mise en berne des drapeaux de l’Hôtel de ville. Des mélomanes se sont rapidement rassemblés devant son domicile, au coeur du Plateau de la métropole québécoise, où ils ont entonné ses succès et allumé des bougies. “La musique de Leonard Cohen était comme nulle autre, mais a pourtant transcendé les générations”, a rappelé Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, également originaire de Montréal.
Né le 21 septembre 1934 dans une famille juive aisée de Montréal, Leonard Cohen a composé certains des hymnes les plus envoûtants des dernières décennies. Plusieurs générations ont fredonné et dansé sur ses titres les plus célèbres. “Suzanne” ou “So Long Marianne” illustrent, en 1967, un premier recueil de chansons marquées par le mal-être et le dépit amoureux.
Son album suivant, deux ans après, est à la fois marqué par des influences country avec “Bird on the Wire” – l’un de ses plus grands succès, repris par de nombreux artistes comme Johnny Cash ou Joe Cocker -, mais aussi par des titres plus sombres. “The Partisan”, adaptation de “La Complainte du Partisan”, ou encore “Seems so long ago, Nancy” reflètent cette noirceur.
Avec son influence incontestée, Leonard Cohen avait disparu de la scène dans les années 1990, préférant se réfugier dans le bouddhisme, devenant même moine en 1996. Dépouillé par son impresario, Cohen était revenu à la chanson moins d’une décennie plus tard, plus créatif et productif que jamais. Il avait alors jugé qu’à son âge, il était temps d’être moins sage avec sa santé et, sous forme de cabotinage, il avait pris comme résolution de recommencer à fumer.
Il avait fêté le 21 septembre ses 82 ans avec un nouvel album hanté par la mort, noyant sa solitude dans des chansons toujours aussi sombres. Avec sa voix grave toujours murmurée, Leonard Cohen s’interrogeait dans “You Want It Darker”, son 14e opus, sur la nature de l’homme et d’un dieu tout puissant. La mort planait dans cet album, comme un rappel d’une issue inexorable sans doute plus manifeste avec le décès en juillet de sa muse Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre dans sa chanson “So Long Marianne”. En forme de clin d’oeil, la pochette de son dernier album montre un Leonard Cohen mal rasé, une cigarette entre les doigts.