Selon cet institut influent à Washington, la concentration des pouvoirs à l’Élysée empêche la formation de coalitions de partis modérés qui pourraient mettre en oeuvre les réformes structurelles nécessaires.
«Des réformes économiques sont nécessaires en France, mais une refonte du système politique est également indispensable». Une refonte qui impliquerait de mettre fin au système semi-présidentiel et à la trop grande concentration du pouvoir à l’Élysée, selon le très sérieux Peterson Institute. Cette étude, repérée par les Échos et réalisée par ce think-tank influent de Washington, estime que l’échéance de l’élection présidentielle paralyse la vie politique nationale. Et selon le rapport, la faible popularité de l’actuel président dans les sondages (15% en septembre dernier) traduit la désuétude de la Ve république.
«Le centre gauche et le centre droit ne s’allieront jamais pour passer ces réformes de bon sens, car chacun veut détruire les chances de l’autre de gagner la prochaine élection présidentielle», relève l’auteur Jacob Funk Kirkegaard. Un phénomène qui aurait été accentué par le passage du septennat au quinquennat en 2002, et qui favoriserait par ailleurs la prospérité des partis extrémistes de gauche et de droite.
Sans compter que le système français apparaît incongru au regard des autres systèmes politiques européens, souvent construits sur un modèle où les parlementaire élisent le président, ajoute l’auteur. À défaut de fermer définitivement les grilles du palais présidentiel, le think-tank préconise de retirer au président sa capacité de nomination du premier ministre et le commandement des armées, ce qui en ferait une figure symbolique proche de ce que l’on trouve, par exemple, en Italie.
Jacob Funk Kirkegaard envisage avec pessimisme l’échéance de 2017 et estime que le système d’élection à deux tours tend à miner systématiquement la légitimité du vainqueur. Il prédit l’arrivée de Marine Le Pen en tête au premier tour et sa défaite au second. Mais selon lui, le vainqueur verra son mandat handicapé dès le départ par la stature de première opposante ainsi acquise par la présidente du FN, cette dernière n’ayant probablement pas de place dans le nouveau dispositif de gouvernement sorti des urnes.