Chaque fois qu’il y a péril en la demeure démocratique, le peuple des « zartistes » se dresse, en armes et en masse. La preuve par l’Angleterre, où ces mêmes « zartistes » ont décidé de partir en guerre sainte contre le Brexit.
En tête de la rébellion, on ne trouve pas le premier « zartiste » venu, s’agissant de Bob Geldof, le démiurge du Live Aid, en 1985, happening musical et humanitaire censé en finir avec la famine en Afrique, mais qui a assez bien nourri le « zartiste » en question, jadis chanteur très peu connu des Boomtown Rats et aujourd’hui à la tête d’une fortune plus que confortable ; sans qu’il faille, évidemment, y imaginer rapport de cause à effet.
Aujourd’hui, le Brexit. Là, ce ne sont plus les estomacs africains qu’il convient d’emplir, mais les cerveaux anglais qu’il s’agit de délivrer : « Nous avons décidé de nous enfermer dans une prison culturelle », affirme Bob Geldof, tout content de sa trouvaille. Diantre ! Mais pour servir une si noble cause, on n’est jamais trop de deux, la preuve en est le soutien d’Ed Sheeran, crooner joufflu, et de Damon Albarn, sorte de David Bowie du pauvre : Blur, ce n’est quand même pas les Spiders from Mars.
D’humeur des plus citoyennes, les « zartistes » craignent encore que « le Brexit puisse avoir un impact sur tous les secteurs de l’industrie musicale. Qu’il s’agisse de tournées, de vente, de législation sur le droit d’auteur ou de collecte de redevances ». Bref, le « zartiste » sait compter. Et c’est donc aussi un peu pour ses sous qu’il se mobilise. Comme quoi l’altruisme n’a pas de prix.
Pour le reste, on ne peut que partager leur légitime inquiétude. En effet, avant que la perfide Albion ne rejoigne l’Europe, en 1973, il ne se passait rien de notoire, culturellement s’entend, de l’autre côté de la Manche. Les Beatles étaient un groupe de Vladivostok. Les Rolling Stones venaient de Romorantin. Pink Floyd avait vu le jour à Bar-le-Duc et Eric Clapton à Plounéour-Trez. Les Kinks et les Who, quant à eux, étaient passés maîtres en matière de bourrée auvergnate.
Pareillement, tout le monde sait que le véritable théâtre du Swinging London n’était autre que la Canebière. Mary Quant était alsacienne et Barry Miles finlandais. Idem pour le cinéma. Chapeau melon et bottes de cuir vantait la culture madrilène et James Bond œuvrait pour les services secrets du Vatican. Et les films de la Hammer n’avaient pas leur pareil pour populariser le folklore niçois. Quant à Peter Sellers, c’est en imitant Fernand Raynaud qu’il connut enfin la gloire. Si l’on résume : avant 1973, la culture anglaise était inconnue du reste du monde.
Sacré Bob ! Lequel nous démontre hardiment que, non content d’être un « zartiste », il est également « zintellectuel ». Et « zhistorien », tant qu’à faire. Ou zozo, peut-être.
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire