Luc Besson est décidément un homme plein de surprises. Dernière trouvaille en date, réussir à bénéficier de l’avantage fiscal réservé à une production française pour réaliser un film en anglais… Ca ne s’invente pas ! Comment fait-on pour obtenir un avantage fiscal auquel on n’a pas droit ? Si l’on est un vulgum pecus, un citoyen ordinaire, autant ne pas y penser. Si l’on s’appelle Luc Besson et que l’on a des relations, un réseau et un carnet d’adresses bien fourni, tout peut s’arranger, surtout quand on peut se targuer d’avoir été reçu par François Hollande.
A preuve l’histoire de son prochain long métrage, Valerian, adaptation cinématographique de la banque dessinée éponyme de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières. Luc Besson voit loin et gros : 1200 personnes employées pendant six mois et un budget de 171 millions d’euros. Tiens, se dit-on, voilà une bonne nouvelle pour l’emploi et la culture française, quoi qu’on pense par ailleurs des œuvres de Besson. Seulement voilà, pour avoir droit au crédit d’impôt accordé à un film français, encore faut-il faire un film français.
Or Luc Besson, dont la société de production s’appelle pourtant Europacorp, est autant homme d’affaire américain que cinéaste français. S’il est devenu résident fiscal à Los Angeles, ce n’est pas pour s’interroger sur le devenir de l’exception culturelle. Il entend tourner son film en anglais, langue des marchés et passage obligé pour aller frapper à la porte des distributeurs américains. Sinon, il menace d’aller tourner en Hongrie, pays fermé aux migrants mais ouvert au dumping fiscal.
Bref, Luc Besson veut réaliser un film anglais bénéficiant de l’avantage fiscal réservé à une production française, afin d’avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de Fleur Pellerin.
Dans un premier temps, la ministre de la culture a plutôt répondu par une grimace. Pas question de céder au chantage et de faire un cas particulier. On est en République, que diable, pas à Hollywood. Puis le ton a changé et l’on a appris que la prochaine loi de finance comporterait bel et bien un amendement Luc Besson afin que son blockbuster (comme on dit chez ces gens-là) bénéficie d’un bonus fiscal nonobstant son statut d’extraterritorialité linguistique.
Dans son rôle de réfugié en quête d’une terre d’accueil, Luc Besson a eu cette formule : « Je suis patriote, mais 15 à 20 millions ça commence à faire un peu lourd ». Un exilé fiscal porte-parole du cinéma anglais qui fait une leçon de patriotisme, c’est un beau numéro d’acteur.