Depuis deux ans, Gaumont fête ses 120 ans d’existence, d’inventions, de réussites industrielles, commerciales et artistiques. Après avoir été exposée à Paris, au Centquatre, puis dans les rames du RER D, c’est dans l’emblématique ville d’Angoulême et plus précisément au sein des Studios Paradis que l’exposition Gaumont, qui retrace l’historique de la maison depuis ses débuts, s’est invitée depuis juillet jusqu’à fin décembre..
Cette exposition consacrée au septième art a été imaginée par Dominique Païni et se prête à tous les publics : les jeunes apprécieront les outils interactifs, les néophytes la beauté et la qualité des documents et les experts joueront à reconnaître de loin les films donc sont extraits photos, sons, costumes et maquettes de décor pour la préparation des œuvres – comme par exemple ceux de la très célèbre Traversée de Paris – ou les esquisses des costumes, signés Jean-Paul Gaultier pour Le Cinquième élément de Luc Besson. Les détails ne manquent pas et la mise en scène, ludique, permet de voyager aisément à travers le temps.
Gaumont s’est attelé à un travail minutieux : une rétrospective précise de l’histoire du cinéma, qui coïncide avec les débuts du cinéma français. « L’image doit être animée, sonore, en couleur et en relief. » Fameux pari, énoncé en 1881, de Léon Gaumont, fondateur de la société en août 1895 et qui en sera le directeur jusqu’en 1929. Un siècle est demi plus tard, qu’en est-il ?
Gaumont peut s’enorgueillir de faire plus que jamais partie de la scène de la production et distribution cinématographiques en France. C’est donc l’histoire d’un entrepreneur audacieux et visionnaire qui n’hésitera pas à investir plusieurs millions de francs et à parier sur de nouvelles technologies. Les frères Lumière refusent de travailler pour lui et de mettre leurs découvertes à sa disposition ? Qu’à cela ne tienne, il créera son propre procédé de cinéma sonore, travaillera dans les studios de la cité Elgé – appelée « la cage à mouches » – et ouvrira sa première salle parisienne en 1909, au 7 boulevard Poissonnière, pour présenter les phonoscènes tournées et projetées grâce au chronophone.
Le parcours permet de revenir sur les débuts du cinéma, muet tout d’abord, puis de découvrir des travaux hybrides comme ceux d’Emile Comi qui réalise des films, mélange de dessins et d’acteurs, dans Rien n’est impossible à l’homme (1910) : ce sont les premiers pas du dessin animé. Des films d’Abel Gance aux derniers gros succès de la maison, comme Intouchables réalisé par Olivier Nakache et Eric Tolénado (2011), le visiteur croise, au détour d’un couloir, tous ces personnages, maillon de ce monde mystérieux : Fellini dirigeants ses acteurs, François Lhermitte et Jacques Villeret dans les scènes cultes du Dîner de con de Francis Veber (1998), le jeune Medhi El Glaoui dans le feuilleton de Cécile Aubry Belle et Sébastien, le truculent Jean Rochefort en équilibre sur un balcon dans Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert (1976). Un long document visuel et audio, composé d’extraits de films, clôt cette superbe exposition, dont on sort le sourire aux lèvres, bien décidé à visionner ces perles du cinéma français que l’on ne connaissait pas deux heures auparavant.
Dominique Bourcier -Présent
- Gaumont 120 ans, Angoulême, Studios Paradis (chais Magelis). Jusqu’au 31 décembre 2017. Entrée gratuite.
Photo en Une
Jean Rochefort, dans Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert (1976).