Les trois cousines en Indochine : ne vous laissez pas prendre par le titre qui peut sembler anodin, voire simplement touristique. Il s’agit, en fait, d’une quête d’identité toute empreinte de piété filiale. Propre à parler à tous ceux qui ont gardé l’Indochine, notre Indochine, au cœur.
C’est donc un récit autobiographique. Dominique Féger est née en 1954 (et cette date n’est pas anecdotique) en Bretagne. Dans une famille de neuf enfants, huit garçons et une mouflette, Dominique.
Son père Yves, militaire de son état, avait été affecté en Indochine après la Seconde Guerre mondiale. Un coup de foudre. Le « mal jaune ». Et, à Haïphong, la rencontre de celle qui sera l’amour de sa vie (et la maman de Dominique), une jeune Eurasienne prénommée Laï (ce qui veut dire « sang-mêlé » en vietnamien). En 1945, le sous-lieutenant Yves Féger est de tous les combats contre l’occupant nippon. La « Colonne Alessandri », Cao Bang, Langson, la sanglante Route coloniale la frontière sino-indochinoise… Plus tard, le – désormais – lieutenant Féger est blessé. Il remonte en ligne. Puis reçoit l’ordre de rentrer en métropole : il a déjà beaucoup donné.
Toute petite, Dominique, à la différence de ses frères apparemment indifférents à leurs origines maternelles, n’aura de cesse de questionner sa mère :
— Dis, maman, raconte-moi l’Indochine ! Dis, maman, peut-être que tu as de la famille là-bas ! Dis, maman, peut-être que ta mère et ta sœur ne sont pas mortes !
Un jour, sa mère, qui a enfoui à jamais ce passé difficile, finit par céder. Elle confie à Dominique la photo miraculeusement conservée de sa mère, la grand-mère de Dominique, Liem. A partir de ce seul et maigre indice, Dominique, aidée de deux de ses cousines, Jeanine et Nathalie, part à la recherche de ses racines.
Des années de recherches, de questionnements, de maniements d’archives civiles et militaires, de pistes avortées et d’autres abouties. En 2010, elle se sent prête : elle part pour le Tonkin pour retrouver la branche vietnamienne de sa famille. Pas facile dans un pays communiste où chaque déplacement relève du parcours du combattant. Avec le souvenir de ce que lui a confié sa maman après des années de silence : « Je gardais le buffle dans la montagne, je plantais le riz dans les rizières. »
Le récit de cette quête est extraordinaire. Avec la découverte d’un pays, des cousins retrouvés près de la baie d’Halong, des bâtiments de l’époque coloniale, des tombes oubliées. Direction Langson. Puis Cao Bang. La maison de la mère de sa mère, grand-mère Liem, morte en 1964 apprendra-t-elle. Et la tombe de Liem dans le petit village de Vin Tuong. Elle en est bouleversée.
Dominique ne rentrera pas intacte (et ce n’est rien de le dire) de ce retour aux sources. Elle le raconte avec infiniment de pudeur. Mais qu’on ne s’y trompe pas. On le comprend à la toute fin : d’autres récits suivront ce premier recueil. L’histoire n’est pas terminée. Domy, Domy, Dominique, qu’allais-tu faire à Hanoï pour nous prendre ainsi l’âme et l’esprit…
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