Finances du RN : une décision inique

Le Rassemblement national a appris le week-end dernier que deux juges d’instruction avaient saisi à titre conservatoire un peu plus de 2 millions d’euros sur le premier versement de la dotation publique qui lui revient au titre du financement public de la vie politique.

Cette décision, qui intervient dans le cadre de l’affaire des emplois « présumés fictifs » (comme disent joliment les médias dominants) au Parlement européen, est tout à fait extraordinaire.

D’abord, parce qu’elle est appliquée hors de toute décision de justice.

Aucun tribunal, à ma connaissance, n’a établi la culpabilité du Rassemblement national ou de ses députés dans cette affaire d’assistants parlementaires.

Mieux, la compétence des tribunaux français, contestée par Marine Le Pen, n’est toujours pas confirmée par la justice.

Quant au volet européen de l’affaire, la présidente du RN a quelques raisons de se plaindre de l’état du droit à Bruxelles, puisque les autorités bruxelloises sont, dans son affaire, à la fois juge, policier, huissier et partie civile !

J’ai d’ailleurs découvert, à cette occasion, que l’Union européenne n’était pas signataire de la convention européenne des droits de l’homme.

Mais revenons en France.

Les juges d’instruction qui ont ordonné cette saisie sont tous deux proches de l’ultra-gauchiste Syndicat de la Magistrature.

Ils sont aussi tous deux membres du Parquet national financier, installé par Mme Taubira, et dont on vit l’admirable impartialité, voici quelques mois, dans l’affaire Fillon.

Là encore, Marine Le Pen a quelques raisons de douter de la parfaite neutralité de la justice.

Soit dit en passant, cela ne signifie pas, comme les journalistes s’échinent à essayer de le faire dire à la présidente du RN, que le gouvernement aurait fait pression pour que cette décision ahurissante soit prise dans la torpeur de l’été.

La couleur politique rouge vif des juges peut fort bien suffire à expliquer cette décision.

Notons encore que cette décision n’est exigée par aucun impératif de sauvegarde financière.

Le RN reçoit 4,5 millions d’euros par an de l’État. La justice aurait très bien pu saisir la somme hypothétiquement due après un jugement. De toute évidence, nous ne sommes pas ici dans le cas d’un trafiquant de drogue qui pourrait se sauver avec son « magot » avant que la justice n’ait fait son travail.

Bref, tout porte à croire que cette décision est une décision de mise à mort de l’un des principaux partis d’opposition.

D’après les dirigeants du parti, si rien n’est fait dans les deux mois qui viennent, soit pour suspendre cette saisie, soit pour assurer par d’autres moyens le financement du RN, ce dernier ne survivra pas à l’été. Il y a tout lieu de croire que ce soit bel et bien l’objectif de l’opération.

Cela en dit long sur la conception de la démocratie des juges.

Mais le problème est plus profond que ce que dit Mme Le Pen.

Cette décision, manifestement inique, braque aussi les projecteurs sur les dangers du financement public de la vie politique. Il est malsain que les contribuables financent par leur impôt des partis qu’ils réprouvent. Et ce financement public, outre qu’il entraîne d’innombrables tentations de concussion en tout genre, est la porte ouverte à tous les arbitraires. Il faut revenir au financement des partis politiques par leurs adhérents et sympathisants.

 

Guillaume de Thieulloy – Les 4 vérités

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