Le Basque se définit d’abord par sa langue : l’euskaldun est celui qui possède l’euskara. L’une des plus anciennes langues d’Europe, antérieure à l’implantation des langues indo-européennes, et dont l’origine est toujours inconnue à ce jour.
Actuellement, environ 30 % de la population est bascophone. Des efforts importants sont faits pour que cette langue, dont la situation est aujourd’hui encore préoccupante, retrouve une vitalité nouvelle. Le phénomène du bilingüisme ne cesse de s’étendre, comme dans de nombreuses autres régions européennes.
Dans l’Europe d’aujourd’hui, une communauté qui parle sa langue fait la preuve de sa richesse culturelle, de son ouverture aux autres, et de son désir de communication.
Aujourd’hui, l’euskara n’est plus seulement la langue de l’intimité familiale. Elle s’exprime dans la presse, sur les ondes des radios, à la télévision. Elle vit à travers une abondante littérature. Elle se met au service du multi-média et surfe sur Internet. Elle porte une culture singulière et originale, créative et vivante dans toutes ses expressions.
La question de l’origine de l’euskara et de ses possibles apparentements suscite encore aujourd’hui beaucoup de curiosité, aussi bien auprès des locuteurs que du public en général.
Régulièrement, depuis les premiers pas de la linguistique historique au 19ème siècle, des hypothèses sont avancées en vue de rattacher la langue et le peuplement basques, à une famille linguistique ou à un peuplement par ailleurs identifiés. Linguistes, anthropologues et généticiens s’efforcent d’expliquer dans quelles conditions la langue et la population basques ont été amenés à occuper les territoires aquitano-pyrénéens. La langue basque a été la langue du peuple ou des peuples qui ont vécu sur les deux versants des Pyrénées Occidentales depuis la préhistoire jusqu’à nos jours.
D’après les informations dont nous disposons à l’heure actuelle, il ne s’agit donc pas d’une langue importée par d’hypothétiques immigrants, mais bel et bien d’une langue installée sur ses terres depuis longtemps (terres qui se sont peu à peu réduites comme peau de chagrin). Les données génétiques confirment que le population basque descend directement des populations paléolithiques qui habitaient le sud ouest de la France et le nord de l’Espagne, avant l’arrivée des populations néolithiques porteuses des langues indo-européennes.
La langue basque existait donc bien avant l’intrusion des Indo-européens, même si nous ignorons à quoi elle ressemblait alors. Les données génétiques montrent également que, pendant la dernière glaciation (entre 13000 et 20000 ans), la région basque a été utilisée comme refuge par les populations européennes. Celles ci se sont, dès la fin de la glaciation, répandues à nouveau dans toute l’Europe, emmenant avec elles leur patrimoine génétique, voire même une partie de leur patrimoine linguistique et culturel. Les données linguistiques montrent que l’euskara présente des ressemblances grammaticales ou lexicales avec plusieurs langues non indo-européennes d’Europe ou d’autres continents (exemples), sans toutefois pouvoir affirmer quand, comment et où se sont établies ces relations.
L’époque moderne (1545-1789)
Cette époque est ponctuée d’événements importants pour la reconnaissance de l’euskara :
Naissance de la littérature imprimée en 1545 au Pays Basque nord, dans le courant du XVIIIème siècle au Pays Basque sud
Opportunité historique offerte par la Réforme protestante et la Contre-Réforme : en 1571, parution du Nouveau Testament traduit en basque par Joanes Leizarraga (commande de le reine Jeanne dAlbret) ; en 1643, parution de Gero de Axular
Apparition de cercles de bascophiles qui cultivent la langue écrite : entourage de Joanes Leizarraga mais aussi école de Saint-Jean-de-Luz / Sare, cercle de Larramendi en Pays Basque sud (XVIIIème siècle)
Avènement des premiers laïcs dans le monde des lettres basques : Arnaud dOyhenart (1657) et Joanes Etcheberri de Sare (1716).
L’époque contemporaine (1789-1936)
Le milieu social basque connaît de profonds bouleversements : guerres successives (révolution française, invasion napoléonienne, guerres carlistes), avènement de l’ère industrielle, migrations, exode rural et urbanisation, scolarité et service militaire obligatoires transforment la situation sociolinguistique de l’euskara.
A partir de 1870, l’engouement suscité par la culture basque traditionnelle (période qualifiée de Renaissance Basque) ne suffit pas à enrayer le recul de la langue basque.
Celui-ci sera considérable en Pays Basque Sud.
L’époque actuelle (de 1940 à nos jours)
Des périodes différentes se succèdent :
De 1940 à 1960 : persécution de l’après-guerre civile au Pays Basque sud
De 1960 à 1980 : débasquisation du Pays Basque nord et recrudescence sur les deux versants des Pyrénées d’initiatives en faveur de la langue basque : démarrage des premières ikastola et des cours d’alphabétisation des adultes, édition littéraire, création d’un basque écrit unifié, débuts de la nouvelle chanson basque, organisation de nombreuses manifestations artistiques et festives
La période de 1980 à nos jours est marquée par l’officialisation de la langue basque sur le territoire de la Communauté Autonome d’Euskadi et sur une partie de la Navarre. En Pays Basque nord, l’euskara ne dispose pour le moment d’aucun statut légal.
Statuts juridiques actuels
Une langue officielle au Pays Basque sud
Le statut d’autonomie de la Communauté Autonome Basque (1979) stipule que le basque et le castillan sont co-officiels. En 1982, a été adoptée la « loi de normalisation de l’usage du basque » qui règle l’utilisation de la langue dans l’administration, l’enseignement et les médias.
En Navarre, « l’Amejoramiento del Fuero de Navarra »(1982), équivalent légal du statut d’autonomie de la Communauté Autonome Basque, reconnaît au basque un caractère de co-officialité dans les zones bascophones et mixtes.
Pas de statut officiel de droit au Pays Basque nord
A l’instar des autres langues dites « régionales » parlées sur le territoire français, la langue basque ne bénéficie pas de reconnaissance constitutionnelle spécifique, malgré la revendication de plus en plus ouvertement exprimée d’une officialisation.
Des associations comme Euskal Herrian Euskaraz (« Au Pays Basque en langue basque »), Euskal Konfederazioa (Confédération Basque) ou les Démos, s’efforcent de donner à l’euskara une place dans la vie publique (mairies, grands commerces, signalétique routière, services publics importants). Beaucoup d’efforts restent encore à faire dans les domaines de la transmission familiale, de l’enseignement et de l’environnement linguistique.
Les représentants de l’Etat, de la Région Aquitaine et du département des P.A. ont en décembre 2004 mis en place un Groupement d’Intérêt Public, chargé de mettre en place une politique d’aménagement linguistique.