Philippe Clay n’aurait pas dû être chanteur. Élève du Conservatoire national d’art dramatique, ses débuts dans la carrière de comédien le déçoivent : on ne lui propose que des rôles jouant sur sa longue silhouette maigre et son profil de personnage du Greco. Inscrit par des amis à un concours de chanson, il découvre dans les cabarets de la rive gauche une expression qui le passionne. À une époque de cravate obligatoire sur les scènes de music-hall, il souligne encore l’étrangeté de sa silhouette en n’apparaissant qu’avec un col roulé et un pantalon noir. Sa connaissance du mime et son âme de comédien s’expriment dans des chansons qu’il incarne avec une liberté décuplée par l’usage du micro-baladeur une première dans le music-hall français.
On le remarque dès 1953 avec Le Noyé assassiné de Charles Aznavour, puis dans Joseph de Claude Nougaro, On n’est pas là pour se faire engueuler de Boris Vian, La Goualante du pauvre Jean, Le Danseur de charleston, Les Voyous . Son personnage, dans lequel on peut trouver rétrospectivement un peu de la morgue de Gainsbourg, du tranchant de Vian et de l’expressionnisme de Brel, compte parmi les plus singuliers de l’époque. Il connaît hélas la mésaventure, alors qu’il est tête d’affiche à l’Olympia, de se faire ravir la vedette par Jacques Brel qui assure sa première partie.
Valentin le Désossé
Comme des dizaines de chanteurs en vue à la fin des années 1950, il est balayé par le prurit jeuniste des années 1960. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son retour au premier plan, en 1971, se fait avec le tube le plus « réac » de son époque. Dans le savoureux Mes universités, il s’en prend à la génération de Mai 68 qui n’a pas, comme lui, été jeune sous l’Occupation : «Mes universités/C’était pas Jussieu, c’était pas Censier, c’était pas Nanterre/Mes universités/C’était le pavé, le pavé d’Paris, le Paris d’la guerre/On parlait peu d’marxisme/Encore moins d’maoïsme/Le seul système, c’était le système D/D comme débrouille-toi/D comme démerde-toi/Pour trouver d’quoi/Bouffer et t’réchauffer». Le 45 tours se vend à un million d’exemplaires ! Et Philippe Clay bat le fer tant qu’il est chaud avec La Quarantaine : «Si l’on avait mis en quarantaine/Tous les hommes de quarante ans/Il y aurait peut-être moins de problèmes/Pour la jeunesse et pourtant/Victor Hugo n’aurait pas écrit/Les Misérables à soixante ans [ ] Voltaire et Rousseau ainsi que Marx/Seraient d’illustres inconnus ». Devenu symbole d’une certaine manière de parler de son époque, il compte parmi les rares artistes de variétés à oser s’engager au RPR pour y défendre sa vision de la culture française.
En 1954, Jean Renoir lui a confié le rôle de Valentin le Désossé dans French Cancan. Il ne cessera plus de tourner, promenant son visage de conquistador dans plus d’une centaine de films et de téléfilms, de Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy en 1956 au téléfilm Dombais et fils de Laurent Jaoui au printemps dernier. Comédien, dans les années 1990, à l’automne de sa vie, il avait trouvé au théâtre des rôles à sa mesure comme cet Ennemi du peuple d’Ibsen joué à Nantes sous la direction de Jean-Luc Tardieu. Ce metteur en scène l’avait accompagné à de nombreuses reprises, à Nantes, Zoo de Vercors, ou à Paris, pour Visites à Mister Green, pièce américaine de Jeff Baron qu’il joua en 2001 et pour laquelle il fut nommé aux Molières. Il créa en 2005 L’Escale de Paul Hengge sous le direction de Stephan Meldegg, ultime apparition du comédien sur scène. Philippe Clay n’aurait pas dû être chanteur. Élève du Conservatoire national d’art dramatique, ses débuts dans la carrière de comédien le déçoivent : on ne lui propose que des rôles jouant sur sa longue silhouette maigre et son profil de personnage du Greco. Inscrit par des amis à un concours de chanson, il découvre dans les cabarets de la rive gauche une expression qui le passionne. À une époque de cravate obligatoire sur les scènes de music-hall, il souligne encore l’étrangeté de sa silhouette en n’apparaissant qu’avec un col roulé et un pantalon noirs. Sa connaissance du mime et son âme de comédien s’expriment dans des chansons qu’il incarne avec une liberté décuplée par l’usage du microbaladeur une première dans le music-hall français.
On le remarque dès 1953 avec Le Noyé assassiné de Charles Aznavour, puis dans Joseph de Claude Nougaro, On n’est pas là pour se faire engueuler de Boris Vian, La Goualante du pauvre Jean, Le Danseur de charleston, Les Voyous Son personnage, dans lequel on peut trouver rétrospectivement un peu de la morgue de Gainsbourg, du tranchant de Vian et de l’expressionnisme de Brel, compte parmi les plus singuliers de l’époque. Il connaît hélas la mésaventure, alors qu’il est tête d’affiche à l’Olympia, de se faire ravir la vedette par Jacques Brel qui assure sa première partie.
Valentin le Désossé
Comme des dizaines de chanteurs en vue à la fin des années 1950, il est balayé par le prurit jeuniste des années 1960. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son retour au premier plan, en 1971, se fait avec le tube le plus « réac » de son époque. Dans le savoureux Mes universités, il s’en prend à la génération de Mai 68 qui n’a pas, comme lui, été jeune sous l’Occupation : «Mes universités/C’était pas Jussieu, c’était pas Censier, c’était pas Nanterre/Mes universités/C’était le pavé, le pavé d’Paris, le Paris d’la guerre/On parlait peu d’marxisme/Encore moins d’maoïsme/Le seul système, c’était le système D/D comme débrouille-toi/D comme démerde-toi/Pour trouver d’quoi/Bouffer et t’réchauffer». Le 45 tours se vend à un million d’exemplaires ! Et Philippe Clay bat le fer tant qu’il est chaud avec La Quarantaine : «Si l’on avait mis en quarantaine/Tous les hommes de quarante ans/Il y aurait peut-être moins de problèmes/Pour la jeunesse et pourtant/Victor Hugo n’aurait pas écrit/Les Misérables à soixante ans [ ] Voltaire et Rousseau ainsi que Marx/Seraient d’illustres inconnus ». Devenu symbole d’une certaine manière de parler de son époque, il compte parmi les rares artistes de variétés à oser s’engager au RPR pour y défendre sa vision de la culture française.
En 1954, Jean Renoir lui a confié le rôle de Valentin le Désossé dans French Cancan. Il ne cessera plus de tourner, promenant son visage de conquistador dans plus d’une centaine de films et de téléfilms, de Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy en 1956 au téléfilm Dombais et fils de Laurent Jaoui au printemps dernier. Comédien, dans les années 1990, à l’automne de sa vie, il avait trouvé au théâtre des rôles à sa mesure comme cet Ennemi du peuple d’Ibsen joué à Nantes sous la direction de Jean-Luc Tardieu. Ce metteur en scène l’avait accompagné à de nombreuses reprises, à Nantes, Zoo de Vercors, ou à Paris, pour Visites à Mister Green, pièce américaine de Jeff Baron qu’il joua en 2001 et pour laquelle il fut nommé aux Molières. Il créa en 2005 L’Escale de Paul Hengge sous le direction de Stephan Meldegg, ultime apparition du comédien sur scène.
Il est décédé en 2007 d’une crise cardiaque.
Discographie
1954 : La Goualante du pauvre Jean
1954 : Le Noyé assassiné
1954 : Moi j’fais mon rond
1955 : Le Danseur de charleston
1957 : Cigarette, Whisky et P’tites Pépées
1958 : Stances de Ronsard (Pierre de Ronsard/Léo Ferré)
1960 : L’Homme de l’équateur
1961 : La Dolce Vita
1961 : Philippe Clay – Bleu, blanc, rouge – Epic LF 2018 – Canada
1971 : Mes universités, Sidi Bel Abes, Tu veux partir va-t-en, Morose, La quarantaine, Dis ma femme, los ditactorios interdit sur les medias car faisant reference a hitler mussolini et franco,33 Tours Polydor 2473 003
1973 : Au volant de ma valse – 33 tours Polydor 2473 020
1974 : Marie la France – Polydor 2056 326
1974 : Philippe Clay – La Complainte des apaches – Polydor 2056 378 – Canada
1975 : Monte Cristo – 33 tours Polydor 2473 054
1976 : Trop c’est trop – Polydor 2056 578
1977 : Le temps du troc – Polydor 2056 619
1977 : Mucho mucho, ce soir à dîner, c’est un 78 tours – 33 Tours Eurodisc WEA 913 158
1978 : La question, le procès du dernier poète – Eurodisc WEA 911 193
1980 : Soldat inconnu, Boule de flipper, yaka faucon – 33 Tours Arabella 201 754
1980 : Mon pays, la Marseillaise – 45 Tours Philips 813 175-7
1999 : 50 ans de carrière, 50 chansons 2 CD RYM Musique 1970752 UN 865, P
Cinéma
1950 : Rome-Express de Christian Stengel
1951 : Le Crime du Bouif d’André Cerf
1954 : French Cancan de Jean Renoir
1955 : 33 tours et puis s’en vont d’Henri Champetier (court-métrage)
1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
1956 : La vie est belle de Roger Pierre et Jean-Marc Thibault
1957 : C’est arrivé à 36 chandelles d’Henri Diamant-Berger
1957 : Nathalie de Christian-Jaque
1958 : En bordée de Pierre Chevalier
1958 : Des femmes disparaissent d’Édouard Molinaro
1958 : Drôles de phénomènes de Robert Vernay
1958 : Adorable voisine (Bell, Book and Candle) de Richard Quine
1958 : Totò a Parigi (Parisien malgré lui) de Camillo Mastrocinque
1958 : Messieurs les ronds-de-cuir (The Bureaucrats) de Henri Diamant-Berger
1959 : La Nuit des traqués de Bernard Roland
1959 : Les Canailles de Maurice Labro
1960 : Touchez pas aux blondes de Maurice Cloche
1960 : Dans l’eau qui fait des bulles de Maurice Delbez
1962 : Il était trois flibustiers (I moschettieri del mare) de Steno
1965 : Le Gentleman de Cocody de Christian-Jaque
1966 : Sale temps pour les mouches de Guy Lefranc
1966 : Voilà l’ordre de Jacques Baratier (court-métrage)
1967 : Les Têtes brûlées de Willy Rozier
1969 : Pour un sourire / Barbara de François Dupont-Midy
1971 : Armiamoci e partite ! / Come uccidere un general morte de Nando Cicero
1972 : Pas folle la guêpe / Simple question de temps de Jean Delannoy
1972 : Les Joyeux Lurons / Toi aussi Danton de Michel Gérard
1973 : L’Insolent de Jean-Claude Roy
1974 : Shanks de William Castle
1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne
1982 : Salut la puce de Richard Balducci
1983 : Un bon petit diable de Jean-Claude Brialy
1992 : Le put 320 décembre (conte moral) de Marcel Angosto (court-métrage)
1993 : Die Wilnis de Werner Masten
1995 : Krim d’Ahmed Bouchaala “Cité Cosmos”
1997 : Lautrec de Roger Planchon
1998 : Les Cachetonneurs de Denis Dercourt
1999 : Tuvalu de Veit Helmer
2002 : Là-haut, un roi au-dessus des nuages de Pierre Schoendoerffer
Télévision
1966 : Les Cinq Dernières Minutes de Jean-Pierre Marchand “La Rose de fer”
1971 : La Brigade des maléfices (épisode 3: Voir Vénus et mourir).
1972 : La Canne, téléfilm de Arlen Papazian : John Kartope
1981 : Au bon beurre de Édouard Molinaro : M. Deprat (un pétainiste convaincu)
1985 : L’Herbe rouge de Pierre Kast
1985 : Le Chevalier de Pardaillan de Josée Dayan
1986 : Catherine de Marion Sarraut (série TV)
1987 : Le Gerfaut de Marion Sarraut
1989 : La Comtesse de Charny de Marion Sarraut : Baron de Taverney
1995 : Les Allumettes suédoises, de Jacques Ertaud : L’Araignée
1995 : Pasteur, 5 années de rage de Luc Béraud
1995 : La Rivière Espérance de Josée Dayan (série TV)
1996 : La Guerre des moutons de Rémy Burkel
1996 : Les Anneaux de la gloire de Jean-Luc Miesch
1997 : La Parenthèse de Jean-Louis Benoît
1997 : La Grande Béké d’Alain Maline
1998 : Le Comte de Monte-Cristo de Josée Dayan
1998 : Les lois de l’hospitalité, Luc Béraud.
1998 : Marceeel !!! d’Agnès Delarive.
1999 : La Maison d’Alexina de Mehdi Charef
2000 : Le Bimillionnaire de Michael Perotta
2000 : Le Causse d’Aspignac, François Barluet.
2000 : Des croix sur la mer de Luc Béraud
2004 : Père et Maire, épisode no 9.
2007 : Dombais et fils de Laurent Jaoui.
2007 : La Commune de Philippe Triboit
Théâtre
1945 à 1949
Le Marchand de Venise de Shakespeare
Tartuffe de Molière.
Iphigénie
1950 à 1953
comédien dans la troupe du Palais de Chaillot
Après 1959
1959 : L’Affaire des poisons de Victorien Sardou, mise en scène Raymond Gérôme, Théâtre Sarah Bernhardt
1965 : Don Quichotte d’Yves Jamiaque d’après Miguel de Cervantès, mise en scène Jean-Paul Le Chanois, Théâtre des Célestins
Des idées larges, Théâtre de l’Athénée
Le Comte de Monte-Cristo, mise en scène Maurice Jacquemont, Théâtre des Champs-Élysées
Philippe Clay, Théâtre des Nouveautés
Le Barbier de Séville, Théâtre des Champs-Élysées
Jules Romains, homme de bonne volonté. rencontres du Palais Royal.
1983 : Oscar de Claude Magnier, mise en scène Jacqueline Bœuf, Théâtre Tête d’or
1988 : L’Aiglon d’Edmond Rostand, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Festival d’Anjou
1993 : Zoo de Vercors, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Espace 44, Nantes
1995 : La Veuve joyeuse de Franz Lehar, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Opéra de Rennes, Opéra de Rouen, Opéra de Marseille
1995 : Un ennemi du peuple de Henrik Ibsen, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Espace 44, Nantes
1996 : Des ronds dans l’eau, récital, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Espace 44, Nantes, Théâtre Montparnasse, Théâtre Montansier
1996 : Le Voyage de monsieur Perrichon d’Eugène Labiche, mise en scène Jean-Luc Moreau, Festival d’Anjou, Théâtre Saint-Georges
1999 : Le Sexe faible d’Édouard Bourdet, mise en scène Jean-Claude Brialy
2000 : Visites à Mister Green de Jeff Baron (en), mise en scène Jean-Luc Tardieu, Théâtre Alhambra Genève, Espace Rachi, Théâtre La Bruyère, Théâtre Antoine, tournée
2006 : L’Escale de Paul Hengge, mise en scène Stéphan Meldegg, Théâtre La Bruyère